CROHN: De l'intestin au cerveau, une maladie multi-systémique
Cette nouvelle étude montre l'impact de la maladie de Crohn sur la fonction cérébrale : des symptômes de déficience cognitive légère, des difficultés de concentration, des troubles de la pensée et de la mémoire sont largement évoqués et constatés chez ces patients. Mais ce n’est pas tout, les chercheurs de la Monash University (Australie) montrent également chez ces patients des niveaux de dépression plus élevés et une moindre qualité du sommeil. De nouvelles données présentées dans l’United European Gastroenterology Journal (UEGJ) qui consolident le lien entre microbiote et cerveau. Un lien déjà évoqué par ailleurs entre la fibromyalgie, une atteinte du SNC et des fibres nerveuses et le syndrome du côlon irritable, avec une gamme de symptômes (dépression, troubles du sommeil) comparable.
La maladie de Crohn est une maladie inflammatoire chronique intestinale (MICI) qui touche environ 4 à 5 personnes sur 100.000 chaque année. Ses symptômes sont handicapants pour tous les patients (diarrhée, fatigue, perte de poids…) mais son apparition précoce chez les enfants peut causer des problèmes sévères supplémentaires comme un retard de croissance et/ou de puberté. Il existe donc un vrai besoin de nouveaux traitements qui ciblent les « bons » microbes de l'intestin et prennent aussi en compte la réponse du microbiote. On sait que les médicaments vont modifier la composition du microbiote intestinal. On sait aussi que les modifications du microbiote peuvent avoir un impact sur la santé cognitive. Une étude « du jour » montre ainsi que chez les patients atteints du syndrome du côlon irritable ou plus largement de troubles digestifs, le cerveau joue en effet un rôle clé. Plus largement, un patient sur 3 atteints de fibromyalgie, une maladie du SNC et des fibres nerveuses, est diagnostiqué avec un syndrome du côlon irritable et 8 sur 10 avec des troubles intestinaux.
Cette étude, menée chez 49 patients atteints de la maladie de Crohn et 31 témoins e bonne santé, âgés en moyenne de 44 ans, constate que les patients ont un temps de réponse cognitif plus lent, précisément de 10% plus lent que la normale et que cette déficience cognitive est associée de manière significative avec des symptômes d'inflammation active, des douleurs abdominales et la fatigue. Ces patients se plaignent de difficultés de concentration, de troubles de la pensée et de trous de mémoire. Enfin, chez ces patients, un score de dépression plus élevé et une moindre qualité du sommeil, sont associés à une déficience cognitive plus sévère.
Une maladie multi-systémique : La maladie de Crohn impacte ainsi la fonction cognitive, confirme cette étude qui, en révélant, au-delà des symptômes reconnus, liés à l'intestin, des symptômes cognitifs parfois sévères, renforce l'idée d'une maladie multi-systémique -comme la fibromyalgie ou le syndrome de fatigue chronique-. L'auteur principal, le Dr Van Langenberg rappelle les résultats de précédentes études montrant le lien entre l'inflammation de l'intestin, l'activité de l'hippocampe et l'inflammation dans le cerveau. La maladie doit donc être prise en charge dans toutes ses manifestations, concluent les auteurs, y compris la fatigue, la dépression et les troubles du sommeil.
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