DÉMENCE : Les aides auditives, une évidence pour la prévenir
Les aides auditives font partie du dispositif global de prévention des démences chez les personnes âgées, relève cette équipe de la Shandong University. Les aides auditives contribuent à freiner le déclin cognitif et protègent contre le risque à l’évidence plus élevé de démence associée à la perte auditive. Cette très large étude, publiée dans le Lancet Public Health, sensibilise à nouveau, au contrôle régulier de ce sens majeur pour le maintien de la cognition.
La démence et la perte auditive sont des affections courantes et concomitantes chez les personnes âgées. Les experts de la Commission du Lancet estime que la perte auditive pourrait être liée à environ 8 % des cas de démence dans le monde. En conséquence, la prise en charge de la déficience auditive pourrait être le moyen de réduire de manière significative le fardeau mondial de la démence.
Près de 80 % des personnes âgées souffrant de perte auditive n'utilisent pas d'aides auditives dans les pays riches. La perte auditive peut commencer au début de la quarantaine et il est prouvé que le déclin cognitif progressif avant un diagnostic de démence peut durer de 20 à 25 ans. Le principe consiste donc de prescrire rapidement des aides auditives lorsqu'une personne commence à souffrir de déficience auditive. « Une sensibilisation de toute la société est nécessaire, y compris sur le lien entre la perte auditive et la la démence ».
L’un des auteurs principaux de l’étude, le Dr déclare Dongshan Zhu, professeur à la Shandong University rappelle : « Les preuves s'accumulent selon lesquelles la perte auditive pourrait être le facteur de risque modifiable le plus important pour la démence et dès le milieu de la vie, cependant l'efficacité de l'utilisation d'aides auditives pour réduire le risque de démence reste encore peu documentée. Nous apportons ici de nouvelles preuves suggérant ce rôle clé des aides auditives dans la prévention de la démence ».
L’étude menée sur les données de 437.704 personnes, révèle que les personnes souffrant de perte auditive et qui n'utilisent pas d'aides présentent un risque de démence accru, au contraire de leurs pairs utilisant des appareils auditifs. L'analyse suggère que, par rapport aux participants ayant une audition normale,
- les personnes malentendantes n'utilisant pas d'aides auditives encourent un risque 42 % plus élevé de démence de toutes causes, alors qu'aucune augmentation du risque n’est retrouvée chez les personnes malentendantes qui utilisent des aides auditives ;
- après ajustement pour les facteurs de confusion possibles, l'analyse aboutit à un risque de 1,7 % de démence chez les personnes malentendantes qui n'utilisent pas d'appareils auditifs vs une prévalence de 1,2 % chez les personnes sans perte auditive ou qui souffrent de perte auditive mais qui utilisent des appareils auditifs ;
- d’autres facteurs de démence, déjà connus, sont confirmés par l’étude, dont la solitude, l'isolement social et les symptômes dépressifs. Et ces mêmes symptômes pourraient avoir un impact sur l'association entre la perte auditive et la démence. Ainsi réduire ces problèmes « psychosociaux », pourrait aussi réduire de 8 % l'association entre l’absence d'aides auditives et le risque de démence.
Sensibiliser le public aux effets protecteurs des aides auditives contre la démence,
c’est bien le message de santé publique, ici délivré, et la directive rappelée aux professionnels de soins primaires.
Il reste à comprendre quelles sont les voies sous-jacentes qui peuvent lier l'utilisation d'aides auditives et la réduction du risque de démence, cependant ces données sont autant de preuves de l’efficacité des aides auditives à réduire le risque et la progression de la démence chez les personnes malentendantes. Âgées ou pas.