DÉPRESSION : Le psychédélique psilocybine révèle d'autres avantages
Est-ce parce que c’est une substance psychédélique et en raison de ses effets imprévisibles, en particulier chez les personnes les plus vulnérables en santé mentale, que la psilocybine tarde à être autorisée, dans certaines conditions, pour le traitement de la dépression ? Les preuves s’accumulent, cependant, en faveur de l’effet antidépresseur durable d’1 seule dose de psylicybine, pour preuve, cette nouvelle étude publiée dans l’une des revues du Lancet, eClinical Medicine, et présentée lors du Congrès de l'European college of neuropsychopharmacology (ECNP). L'étude, la première à comparer les effets de la psilocybine à ceux des antidépresseurs classiques, révèle des avantages supplémentaires.
La recherche révèle en effet que si la psilocybine est aussi efficace que inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) pour le traitement de la dépression, la substance ne réduit pas la libido, procure un meilleur sentiment de bien-être et permet aussi un meilleur fonctionnement psychosocial.
Un expert neuroscientifique reconnu, le Dr Johan Lundberg, professeur de psychiatrie au Karolinska Institute (Stockholm) qualifie ces travaux « de tentative majeure de comparaison entre la valeur clinique de la psilocybine et les traitements actuels du trouble dépressif majeur. En dépit de limites, l’étude permet de préciser, qu’en cas d’approbation de la psilocybine pour cette indication, la substance ne sera pas adaptée à tous les patients. Certains patients pourraient préférer un traitement psychédélique aux ISRS, mais certains patients peuvent être intimidés par les altérations spectaculaires de la perception et des émotions induites par les substances psychédéliques ».
Aujourd’hui, les ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine), comme le Prozac, le Paxil et le Zoloft, sont les principaux types de médicaments utilisés pour traiter la dépression. Cependant, environ un tiers des patients ne répondent pas à ces traitements par ISRS, la psilocybine pourrait donc constituer une alternative :
« Les ISRS fonctionnent bien, mais pas pour tout le monde. Ils sont également associés à certains effets secondaires. Ces travaux suggèrent la psilocybine comme une véritable alternative, et peut-être même avec des avantages supplémentaires ».
La psilocybine semble apporter des bienfaits supplémentaires pour la santé mentale
L'étude, un essai clinique de phase II, mené à l’Imperial College London, auprès de 59 patients souffrant de dépression modérée à sévère, dont 30 patients ont été traités avec une dose unique de psilocybine et 29 patients par 6 semaines d'escitalopram, effectue en effet une comparaison directe sur 6 mois entre la psilocybine, une substance psychédélique expérimentale et un antidépresseur ISRS standard. L’analyse conclut à :
- une amélioration similaire des symptômes dépressifs, avec des avantages en plus et à long terme, avec la psilocybine ;
- les 2 traitements apportent des améliorations comparables dans le soulagement des symptômes de la dépression au bout de 6 semaines, réduisant la tristesse et les autres émotions négatives ;
- les patients ayant reçu la psilocybine signalent un meilleur fonctionnement psychosocial, notamment une plus grande satisfaction de la vie, une plus grande connectivité psychologique aux autres et une plus grande satisfaction au travail ;
- la psilocybine améliore également la libido, contrairement aux ISRS qui ont tendance à diminuer la libido chez de nombreux patients.
« Des résultats importants car l’amélioration de la connexion aux autres et se donner un sens à la vie sont 2 facteurs qui contribuent à améliorer considérablement la qualité de vie et la santé mentale à long terme. L'étude suggère que la thérapie à la psilocybine pourrait être une option de traitement plus holistique de la dépression, abordant à la fois les symptômes de la dépression et le bien-être général. Cela pourrait faire une différence substantielle dans la satisfaction de vie mais aussi le fonctionnement au quotidien de nos patients souffrant de dépression ».
Cependant, concluent les chercheurs :« La psilocybine est encore un médicament expérimental ; elle n'a pas encore été approuvée pour une utilisation générale. Elle est administrée dans des environnements hautement contrôlés et protégés, en raison d’effets imprévisibles et potentiellement nocifs, en particulier pour les personnes les plus vulnérables en santé mentale ».
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