DÉPRESSION: Le test sanguin qui prédit la réponse aux antidépresseurs
Un test sanguin qui permettrait de détecter et de caractériser la dépression permettant ainsi aux médecins de choisir le médicament le mieux adapté au patient, c’est la perspective ouverte par cette étude du King's College London. Basé sur l’évaluation de l’inflammation, ce test, présenté dans l’International Journal of Neuropsychopharmacology, permettrait d’identifier les personnes souffrant de dépression les plus et les moins susceptibles de bénéficier d'antidépresseurs et d'améliorer ainsi les résultats du traitement.
L'inflammation, un facteur reconnu de déclenchement systémique de nombreuses maladies chroniques a déjà été évoquée dans la dépression. L'inflammation du cerveau a même été décrite, par une récente étude un peu comme « de l'huile jetée sur le feu » de la dépression. Plusieurs autres études ont documenté cette approche clinique de la dépression : une inflammation peut conduire aux symptômes de dépression ou à des changements émotionnels radicaux a montré une étude de l'excellent Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) de Toronto. En 2012, une autre étude, publiée dans le Journal of Clinical Psychiatry avait suggéré que le parasite Toxoplasma gondii, responsable de la toxoplasmose et présent chez 10 à 20% de la population, pouvait être associé à un risque accru de tentatives de suicide (TS) chez les personnes infectées. Une étude de l'Université de Stony Brook a également mis en avant, dans la revue Biology of Mood and Anxiety Disorders plusieurs arguments suggérant que la dépression « ressemble » à une infection. Ici, les chercheurs britanniques ont analysé des échantillons de sang de 200 patients souffrant de dépression -dont 64 patients souffrant de dépression majeure- et ayant ou n'ayant pas répondu au traitement par antidépresseurs. La réponse était définie comme une réduction de plus de 50% du score sur une échelle de dépression standard (Montgomery-Åsberg Depression Rating Scale, MADRS). L'objectif étant d'identifier des molécules associées à l'inflammation et à la réponse aux médicaments. Une fois ces molécules identifiées, les chercheurs ont testé ces données sur un deuxième groupe de participants, afin de vérifier leur capacité à prédire la réponse aux antidépresseurs. L'analyse montre que :
· entre 66% et 69% des patients ont répondu aux antidépresseurs,
· une proportion importante de personnes sont correctement identifiées comme répondeurs ou non répondeurs aux antidépresseurs.
Ø Cependant, le test n'a pas permis d'identifier 39-43% des non-répondeurs, ce qui suggère qu'il laisserait « passer » un nombre non négligeable de patients dépressifs, qui continueraient à recevoir des antidépresseurs, sans bénéfice substantiel.
Cette étude montre qu'il sera possible, à terme, de développer un test sanguin permettant d'identifier, parmi les patients souffrant de dépression, les plus et les moins susceptibles de bénéficier d'antidépresseurs. De premiers résultats, prometteurs, mais basés sur 200 participants souffrant de dépression, qui appellent à des études à plus grande échelle.
N.B. Cette recherche a été co-financée par les Laboratoires Johnson & Johnson, GSK, Pfizer et Lundbeck.
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