DÉVELOPPEMENT cérébral : Déterminé par la vie intra-utérine
La vie intra-utérine du fœtus peut avoir des répercussions à long terme sur le cerveau. Ainsi, certaines conditions intra-utérines, dont le positionnement du fœtus dans l’utérus ou encore son accès aux nutriments peuvent influer sur le développement cérébral. C’est la conclusion de cette étude sur des jumeaux, de l’Université Concordia (Canada) présentée dans la revue Human Brain Mapping qui apporte, plus largement, une nouvelle compréhension de l'influence du milieu fœtal sur la croissance du cerveau, l'expression génétique et la régulation émotionnelle.
De précédentes études ont montré que le poids de naissance constitue un prédicteur du développement cérébral. Ici, l'équipe de Linda Booij, professeur de psychologie à l'Université Concordia et chercheur au CHU Sainte-Justine montre que, chez les jumeaux génétiquement identiques, les variations de poids à la naissance s'accompagnent de différences structurelles au cortex et que le code génétique ne suffit pas à expliquer cette relation de cause à effet.
L'équipe a suivi des couples de jumeaux génétiquement identiques de la naissance à l'adolescence. Les chercheurs ont pris en compte le poids de naissance, un premier indicateur possible de l'influence de facteurs environnementaux intra-utérins. Parce qu'ils partagent le même milieu prénatal, les fœtus gémellaires partagent des caractéristiques communes mais peuvent avoir un poids de naissance différent. Cette constatation suggère déjà que tout écart dans le poids de naissance résulte de facteurs précis intra-utérins.
Les chercheurs ont réalisé des imageries encéphaliques chez 52 des jeunes participants afin d'examiner la structure de leur cortex.
Des prélèvements d'ADN ont également été effectués pour identifier d'éventuelles différences épigénétiques entre les jumeaux, c'est-à-dire des changements dans l'expression des gènes liés à des facteurs environnementaux. A l'adolescence, le cortex des jumeaux présentait des différences de volume. Enfin, les chercheurs identifient des variations épigénétiques associées aux différences de poids de naissance et de structure corticale.
Des modifications épigénétiques en cause : les chercheurs montrent ainsi que certains facteurs du milieu intra-utérin vont induire des modifications épigénétiques qui vont influer sur le développement du cortex et donc, indirectement sur la régulation émotionnelle et diverses capacités cognitives à l'adolescence. Ils concluent que « le développement cérébral d'un adolescent serait marqué par son séjour dans l'utérus maternel ».
Des conclusions qui apportent une première compréhension du développement cérébral précoce et qui pourront ouvrir de nouvelles voies de prévention des troubles émotionnels ou cognitifs chez les jeunes.
29 December 2016 DOI: 10.1002/hbm.23503 Birth weight discordance, DNA methylation, and cortical morphology of adolescent monozygotic twins
Lire aussi: PLACENTAL Programming: Le comportement émotionnel programmé in utero -
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