DIABÈTE : 1 diabétique sur 3 a un problème cardiovasculaire sans le savoir
Le diabète est-il toujours ou presque un indice de maladie cardiovasculaire aussi ? La conclusion de cette très large étude menée à la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health (Baltimore) est sans appel : un tiers des adultes atteints de diabète de type 2 présentent aussi des signes de maladie cardiovasculaire non détectés vs seulement 16 % des personnes non-diabétiques. Ces nouvelles données, présentées dans le Journal of the American Heart Association (JAHA), on l’aura deviné, incitent les médecins à rechercher ces signes cliniques de manière systématique chez leurs patients diabétiques. Mais au-delà, l’étude explique aussi que le diabète de type 2 peut avoir un effet direct sur le cœur qui n'est pas lié au taux de cholestérol et suggère que des thérapies autres que les statines pourraient être nécessaires pour réduire ce risque.
2 biomarqueurs liés aux maladies cardiaques ont été utilisés pour détecter le développement d’une maladie cardiovasculaire, chez ces adultes atteints de diabète de type 2 : les niveaux de troponine et de peptide natriurétique de type N-terminal proBNP. La troponine, une protéine issue du muscle cardiaque lorsqu’elle est libérée dans le sang est un biomarqueur du risque d’infarctus du myocarde. Le peptide natriurétique de type N-terminal proBNP, une forme de peptide natriurétique type B, est un marqueur d’insuffisance cardiaque. Cette nouvelle étude révèle que les diabétiques de type 2 ne présentant aucun signe ou symptôme de maladie cardiovasculaire sont plus susceptibles d'avoir des niveaux élevés de ces marqueurs de maladie cardiaque que leurs homologues exempts de diabète de type 2. En d’autres termes, ils sont à risque accru de décès de cause cardiovasculaire.
Dans 1 cas sur 3 le diabète cache un trouble cardiovasculaire
Les niveaux élevés de ces 2 biomarqueurs protéiques sont en effet associés à des maladies cardiovasculaires non détectées ou asymptomatiques chez ces personnes diabétiques.
L’étude teste justement ces niveaux pour mesurer, chez ses participants, les lésions et le stress cardiaques. L’un des auteurs principaux, Elizabeth Selvin, professeur d'épidémiologie à la Johns Hopkins résume les résultats : « Nous observons que de nombreux patients atteints de diabète de type 2 qui n'ont pas eu de crise cardiaque ou d'antécédents de maladie cardiovasculaire encourent cependant un risque élevé de complications cardiovasculaires ». L’analyse des données de santé et des échantillons de sang de plus de 10.300 participants à la cohorte National Health and Nutrition Examination Survey (1999-2004), révèle, après prise en compte des facteurs de confusion possibles (dont l'âge, l’origine ethnique, les revenus et les facteurs de risque cardiovasculaire) que :
- 33,4 % des adultes atteints de diabète de type 2 présentent des signes de maladie cardiovasculaire non détectés, comme l'indiquent des taux élevés des 2 marqueurs protéiques, vs 16,1 % des non-diabétiques ;
- chez les adultes atteints de diabète de type 2, des taux élevés de troponine et de peptide natriurétique de type N-terminal proBNP s’avèrent associés à un risque accru de décès toutes causes confondues (risque accru de 77 % et 78 %, respectivement) et de décès cardiovasculaire (54 % et plus du double du risque, respectivement), par rapport aux niveaux normaux de ces protéines dans le sang ;
- après ajustement en fonction de l'âge, les taux élevés de troponine sont retrouvés plus fréquemment chez les personnes atteintes de diabète de type 2 dans l'ensemble et dans toutes les catégories d'âge, quels que soient le sexe, l’origine ethnique et le poids ;
- en revanche, les taux de peptides natriurétiques de type N-terminal proBNP ne sont pas plus élevés chez les participants atteints de diabète de type 2 par rapport à ceux exempts de diabète de type 2, après ajustement en fonction de l'âge ;
- la prévalence des niveaux de troponine élevés est significativement plus élevée chez les personnes atteintes depuis longtemps de diabète de type 2 et dont la glycémie n'est pas bien contrôlée ;
« Le cholestérol est souvent le facteur que nous ciblons pour réduire le risque de maladies cardiovasculaires chez les personnes atteintes de diabète de type 2. Cependant,
le diabète de type 2 peut avoir un effet direct sur le cœur qui n'est pas lié au taux de cholestérol ».
Si le diabète de type 2 cause directement des dommages aux petits vaisseaux du cœur sans lien avec l'accumulation de plaque liée au cholestérol, alors les médicaments hypocholestérolémiants ne préviendront pas les dommages cardiaques. La recherche suggère que des thérapies autres que les statines pourraient être nécessaires pour réduire le risque de maladie cardiovasculaire chez de nombreux diabétiques de type 2.
Une surveillance spécifique s’impose chez les patients diabétiques : chez ce groupe de patients en effet, le dépistage de certains biomarqueurs cardiaques devrait être ajouté à l'évaluation de routine des facteurs de risque cardiovasculaire traditionnels : « Les biomarqueurs pris en compte dans cette étude sont très puissants pour préciser l’état de santé cardiovasculaire des patients. Leur mesure plus régulière pourrait nous aider à nous concentrer sur les thérapies de prévention cardiovasculaire pour nos patients diabétiques qui présentent ce risque plus élevé ».
Les résultats suggèrent donc que le dépistage systématique de ces deux biomarqueurs cardiaques et des interventions plus adaptées contribuent à réduire le risque d'événements de maladies cardiovasculaires chez ce groupe de patients diabétiques.
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