DIABÈTE GESTATIONNEL : Pourquoi il faut le gérer beaucoup plus tôt

La gestion du diabète gestationnel beaucoup plus tôt pendant la grossesse peut permettre de prévenir ses complications et d’améliorer considérablement les résultats de santé à long terme, selon cette méta-analyse d’experts, présentée lors des 84èmes sessions scientifiques de l'American Diabetes Association (ADA) et publiée dans le Lancet. L’analyse remet ainsi profondément en question les approches actuelles de gestion du diabète gestationnel, appelant à initier le traitement de manière beaucoup plus précoce.
Le diabète gestationnel est la complication médicale de la grossesse la plus courante, touchant 14 % des grossesses dans le monde. L’incidence du diabète gestationnel augmente à l’échelle mondiale et les cas deviennent plus complexes en raison de niveaux plus élevés de facteurs de risque- dont l’obésité. Dans le diabète gestationnel, la glycémie est supérieure à la moyenne mais pas aussi élevée que pour le diabète.
Alors que l'obésité et d'autres troubles métaboliques continuent d'augmenter dans le monde, de plus en plus de femmes en âge de procréer connaîtront un certain degré de cette régulation anormale du glucose et de l'insuline, ce qui favorise le risque de complications de grossesse et de santé plus tard dans la vie, dont d’ailleurs le diabète de type 2.
L’un des auteurs principaux, le Dr David Simmons de l'Université Western Sydney note : « Le diabète gestationnel est une pathologie de plus en plus complexe, et il n’existe pas d’approche unique pour la gérer. Les facteurs de risque uniques et le profil métabolique de chaque patiente doivent être pris en compte pour une surveillance adaptée tout au long de la grossesse ».
Sans traitement, le diabète gestationnel peut notamment entraîner une hypertension artérielle, un risque accru de césarienne, des problèmes de santé mentale et des complications pour le bébé à l'accouchement, ainsi que des complications de santé pour la mère plus tard dans la vie, comme es maladies cardiovasculaires.
Des recherches récentes suggèrent que le développement du diabète gestationnel débute bien avant la grossesse, avec des changements métaboliques détectables en début de grossesse, précisément avant 14 semaines. Dans la réalité de la pratique clinique, le diabète gestationnel n'est généralement testé et traité qu’au cours du 2è et 3è trimestre de grossesse.
L’appel à prévenir et gérer le diabète tout au long de la vie de la femme
Le principe défendu et documenté par ces experts consiste à contrôler la glycémie par tests réguliers, afin de poser un diagnostic plus précoce, afin de réduire le risque de complications de la grossesse et de l’accouchement, ainsi que d’autres problèmes de santé pour la mère et l’enfant, plus tard dans la vie.
Dépister et gérer plus tôt : la méta-analyse des données disponibles conclut que gérer le diabète gestationnel plus tôt dans la grossesse, soit avant 14 semaines, permet de prévenir les complications de santé pour la mère et le bébé. Le besoin urgent d'un changement majeur dans la gestion du diabète gestationnel : en effet, les auteurs notent l’incidence à la hausse de ses complications :
- l’obésité continue d’augmenter dans le monde, parallèlement à une intolérance au glucose et à des taux également croissants de diabète de type 2 chez les femmes en âge de procréer ;
- la prévalence du diabète gestationnel a ainsi été multipliée par 2 à 3 dans plusieurs pays au cours de ces 20 dernières années ;
- les taux de prévalence actuels du diabète gestationnel vont de plus de 7 % en Amérique du Nord et dans la région des Caraïbes à près de 28 % au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ;
-
30 % à 70 % des femmes atteintes de diabète gestationnel présentent une glycémie élevée (hyperglycémie) dès le tout début de la grossesse ;
- chez ces femmes, les résultats de grossesse sont très dégradés ;
- le diabète gestationnel « reste » associé à des risques accrus d'accouchement par césarienne (16 %), d'accouchement prématuré (51 %) ;
- certaines études estiment que le diabète gestationnel est associé à un risque plus que multiplié par 2 d'admission en unité de soins intensifs néonatals (USIN).
- les femmes diagnostiquées avec un diabète gestationnel ont un risque 10 fois plus élevé de développer un diabète de type 2 plus tard dans la vie et sont également plus susceptibles de souffrir simultanément d’hypertension, de dyslipidémie (taux élevés de lipides sanguins), d’obésité et de stéatose hépatique, avec un risque multiplié par 2 de maladie cardiovasculaire ;
- les femmes diagnostiquées avec un diabète gestationnel encourent également des risques de problèmes de santé mentale, notamment de stress, de dépression et d'anxiété, ainsi que de stigmatisation et de sentiments de culpabilité et de honte liés à leur diabète gestationnel pendant la grossesse ;
- des recherches récentes suggèrent que le diabète gestationnel peut être associé à un risque accru de dépression post-partum, alors que son traitement précoce est associé à une amélioration de la qualité de vie en particulier durant la grossesse.
En conclusion, « le diabète gestationnel constitue toujours un formidable défi de santé publique ». Son diagnostic et sa gestion précoces s’imposent comme des priorités de santé publique.
Quels avantages d’une prise en charge précoce ? Des preuves récentes suggèrent que le diabète gestationnel débute bien avant la grossesse et est généralement présent en tout début de grossesse. Dans l'ensemble,
30 à 70 % des cas de diabète gestationnel peuvent être détectés précocement à l'aide de tests.
Les dernières études révèlent que chez les femmes atteintes d'un diabète gestationnel précoce, l'identification et le traitement avant 20 semaines de grossesse, permet bien de réduire non seulement les complications de la grossesse et du post-partum, mais également de maintenir une bonne qualité de vie en milieu de grossesse et d’optimiser l'allaitement.
« Il est grand temps de passer des soins tardifs de la grossesse à une stratégie intégrée et personnalisée tout au long de la vie,
en particulier dans les contextes les moins favorisés », concluent les auteurs.
Autres actualités sur le même thème
Les GRAINS ENTIERS, le meilleur rempart alimentaire contre le diabète
Actualité publiée il y a 6 années 3 moisAINS : Sur un risque d’insuffisance cardiaque chez les diabétiques
Actualité publiée il y a 2 années 4 moisDIABÈTE de TYPE 1 : Les promesses d’un inhibiteur calcique
Actualité publiée il y a 1 année 10 moisMÉNOPAUSE, hormonothérapie et risque de démence ?
Actualité publiée il y a 3 années 3 mois