DIAGNOSTIC : Une goutte de sang séché, c'est plus facile à stocker et à analyser
Une goutte de sang séchée sur papier filtre, conservée à des fins diagnostiques futures est une alternative bien plus pratique, moins coûteuse, moins encombrante que les méthodes actuelles. Car aujourd’hui, les échantillons de sang sont conservés congelés dans des tubes en plastique. Les chercheurs d'Uppsala montrent avec cette étude présentée dans la revue Molecular & Cellular Proteomics leur capacité à mesurer les niveaux de 92 protéines différentes à partir d'échantillons séchés formant des cercles de taille millimétrique. Un grand potentiel donc d’économie des ressources, au profit de diagnostics et de traitements précoces.
Car les échantillons de sang stockés permettent d'identifier des marqueurs de maladies utilisables ensuite pour le dépistage précoce des maladies. Aujourd'hui, les tubes à essai contenant des volumes relativement importants (de l'ordre de quelques millilitres) de plasma sanguin sont conservés dans de grands congélateurs. Le patient doit d'abord se rendre dans une unité de santé où une infirmière formée prélève un échantillon de sang, l'échantillon est envoyé à un laboratoire pour séparation centrifuge du plasma. L'échantillon peut ensuite être analysé et / ou stocké dans une biobanque pour de futures études.
Les scientifiques ont analysé les taches de sang séché dont certaines provenaient de prélèvements récents, d'autres anciens de 30 ans, conservés à différentes températures selon les provenances. La plupart des échantillons venaient de biobanques d'échantillons prélevés chez les nouveau-nés pour le dépistage de quelque 20 troubles métaboliques congénitaux. Les chercheurs ont procédé à l'analyse des niveaux de 92 protéines pertinentes en oncologie. Par ailleurs, les chercheurs ont examiné ce qui arrive à la détection des protéines avec l'effet du processus de séchage. En fin de compte, les chercheurs parviennent à mesurer les niveaux de 92 protéines avec une précision et une sensibilité très élevées à partir de ces tâches de sang séché sur de minuscules disques perforés. Et si le processus de séchage a un effet négligeable sur les diverses protéines, sont effet est bien est reproductible, ce qui signifie qu'il peut être pris en compte dans le calcul.
L'intérêt pour la constitution de biobanques : ces biobanques vont permettre de rechercher des protéines ou des molécules d'ARN qui peuvent refléter dynamiquement la progression d'une maladie. Car il sera plus facile de constituer des collections d'échantillons comprenant de multiples échantillons prélevés régulièrement chez un même patient. Ces collections permettront d'identifier des biomarqueurs de progression de la maladie. Au fil du temps, ces échantillons pourront également servir de contrôle. Enfin, le caractère plus abordable et plus facilement stockable et classable permettra la constitution de biobanques plus larges mais aussi mieux exploitables.
L'intérêt pour les patients et les soignants : une goutte de sang, c'est un stress minimal pour les patients. Le personnel peut être moins qualifié pour l'échantillonnage ; les échantillons peuvent être envoyés par voie postale ; les conditions de stockage sont simples. Bref, cette nouvelle méthode pourrait permettre des améliorations radicales. En particulier, et c'est ce que démontrent ici les chercheurs, parce que les protéines ne sont quasiment pas impactées lorsque le sang est asséché.
Bientôt, il sera donc possible de piquer son propre doigt et d'envoyer une tache de sang séché par la poste, pour obtenir un diagnostic précoce et améliorer l'efficacité d'un traitement…
May 13, 2017 DOI. 10.1074/mcp.RA117.000015 Stability of Proteins in Dried Blood Spot Biobanks (Visuel@Jan Björkesten)
Retrouvez toute l'actualité scientifique du diagnostic, sur Diagnostic Blog
Autres actualités sur le même thème
CANCER : Un nouveau système optique détecte de minuscules tumeurs
Actualité publiée il y a 5 années 7 moisCOAGULATION : iCoagLab, au chevet du patient alerte en cas de saignement
Actualité publiée il y a 4 années 4 moisANTIBIORÉSISTANCE : Le test rapide qui révèle la réponse bactérienne à l’antibiotique
Actualité publiée il y a 5 années 6 moisPARKINSON: Un biomarqueur non-invasif évident de l'efficacité du traitement?
Actualité publiée il y a 8 années 3 mois