DIALYSE et accès veineux : Un hydrogel à la rapamycine évite les chirurgies répétées
Ces chirurgiens et bioingénieurs de l’University of Virginia Health System (UVA Health) proposent un système d'administration de médicaments basé sur les nanotechnologies, qui permet après marquage des veines greffées lors de la première intervention, d’empêcher la formation de nouveaux blocages nocifs à l'intérieur de ces veines, et donc d’éviter ensuite aux patients dialysés des chirurgies d’accès veineux répétées. Cette nouvelle approche, nommée « Pericelle » et présentée dans la revue Bioactive Materials, démontre des avantages durables voire très durables lors de tests en laboratoire.
L'approche consiste, pour les chirurgiens, d'appliquer une pâte de nanoparticules contenant de l'hydrogel sur les veines greffées, afin d’empêcher la formation des blocages veineux nocifs qui contraignent les patients cardiaques et dialysés à subir des interventions chirurgicales répétées. Des interventions « sans fin » sur les 2 bras, puis sur les jambes ou près de de la clavicule pour pouvoir continuer à recevoir la dialyse…
Des bénéfices extrêmement durables de l’approche « Pericelle »
Actuellement, ces patients sous dialyse doivent subir des procédures de « revascularisation » répétées qui visent à rétablir le flux sanguin nécessaire. Par exemple, un chirurgien peut être amené à déplacer une veine de la jambe vers le cœur pour les patients souffrant d’insuffisance cardiaque. Dans le cas de la dialyse, la procédure est utilisée pour créer des points d’accès veineux. Une artère et une veine du bras, par exemple, sont souvent greffées ensemble afin que le sang d’un patient puisse être retiré du corps, nettoyé puis réinjecté. Ces points de connexion de dialyse sont appelés « fistules artério-veineuses » (FAV). Cependant, le problème de ces revascularisations est qu’elles entraînent souvent le problème même qu’elles sont censées résoudre : un flux sanguin inadéquat. L’intervention elle-même provoque une accumulation de cellules dans les vaisseaux sanguins qui étouffe l’approvisionnement en sang.
- Par ailleurs, ces chirurgies répétées réduisent considérablement la qualité de vie des patients et coûtent cher au système de santé. L’innovation « Pericelle » constitue une alternative qui mérite donc d’être étudiée.
Des preuves de concept : si de précédentes recherches ont montré que l’innovation « Pericelle » apporte des résultats encourageants, on ignorait jusque-là la durée de ces bénéfices. Car si la procédure est rapide et facile, réalisée lors de la première intervention et permet de préserver la qualité de vie des patients dialysés, il est crucial de
vérifier ces avantages sur la durée.
En pratique, la procédure consiste, pour les chirurgiens à appliquer, lors de la première chirurgie veineuse, une pâte d’hydrogel sur les vaisseaux sanguins qui administrer un médicament, la rapamycine, qui permet d’empêcher la croissance de cellules invasives. La nouvelle recherche montre que :
- non seulement Pericelle fonctionne toujours bien au bout de 3 mois, alors que même la la réserve de médicament appliquée est épuisée ;
- mais continue à fonctionner au bout de 6 mois et au bout de 9 mois.
« Des bénéfices durables inattendus », sont ainsi confirmés par les chercheurs qui se déclarent « enthousiasmés par le potentiel de leur technique » : 2 des auteurs principaux, le chercheur Lian-Wang Guo et le Dr K. Craig Kent de l’UVA, concluent à « une avancée majeure car le traitement pourrait fonctionner beaucoup plus longtemps que nous le pensions à l’origine, bien au-delà de ce que nous attendions ».
Si des recherches supplémentaires restent nécessaires avant l’adoption de cette approche en pratique clinique, la technique promet déjà « un impact énorme sur la vie des patients dialysés».