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DOXY-PEP : Comment la doxycycline altère le microbiome intestinal

Actualité publiée il y a 13 heures 43 min 7 sec
Nature Medicine
La prise d'une dose d'antibiotique oral doxycycline après un rapport sexuel à haut risque permet de réduire considérablement l'incidence des infections sexuellement transmissibles (IST) (Visuel Adobe Stock 77074234)

La prise d'une dose d'antibiotique oral doxycycline après un rapport sexuel à haut risque permet de réduire considérablement l'incidence des infections sexuellement transmissibles (IST). En dépit de son efficacité, la stratégie connue sous le nom de doxy-PEP, peut comporter des risques, en particulier en cas d'utilisation chronique. Ces experts de l’Université de Californie - San Francisco (UCSF) s'inquiètent de l'impact du médicament sur la communauté de bactéries intestinales ou microbiome intestinal, et du risque associé d’antibiorésistance.

 

La doxy-PEP est l'abréviation de prophylaxie post-exposition à la doxycycline

(doxycycline post-exposure prophylaxis), et consiste à prendre 2 comprimés de 100 milligrammes dans les 72 heures suivant un rapport sexuel sans préservatif. Dès 2022, San Francisco -lieu de l’étude- est devenue une ville pionnière pour la doxy-PEP, prescrite en particulier aux hommes homosexuels et bisexuels et aux femmes transgenres ayant des antécédents de relations non protégées et avec plusieurs partenaires. En mars 2024, les premières statistiques confirmaient l’efficacité de la stratégie, qui, environ 1 an après son introduction, avait permis de réduire de moitié l’incidence de la chlamydia et de la syphilis.

 

L’étude utilise le séquençage métagénomique pour évaluer cet impact de la doxycycline sur le microbiome intestinal de patients en ayant pris fréquemment au cours des 6 derniers mois et les conclusions sont mitigées. La doxy-PEP ne semble pas avoir beaucoup d'impact sur la composition globale des communautés bactériennes dans le tractus gastro-intestinal, cependant elle induit des signes de résistance à la tétracycline, la classe d'antibiotiques à laquelle appartient la doxycycline, ce qui pourrait rendre le médicament de moins en moins efficace.

 

L’auteur principal, le Dr Chaz Langelier, professeur de médecine au service des maladies infectieuses de l'UCS, note que « si la doxy-PEP ne semble pas avoir d'impact global sur le microbiome intestinal, elle a bien des effets en termes de résistance antimicrobienne des bactéries intestinales, à la fois en termes de proportion et d’expression de gènes de résistance à la classe des tétracyclines. Cette stratégie n'est donc pas inoffensive ».

 

Comme plus largement l'utilisation généralisée des antibiotiques suscite des inquiétudes, c’est aussi le cas de la doxy-PEP : l'impact nocif sur la santé intestinale mais aussi sur l'équilibre du microbiote intestinal devraient être pris en compte, avec les risques de diarrhées, de nausées, de fièvre et de douleurs abdominales.

 

Menée auprès de 100 participants utilisateurs de la doxy-PEP et de 50 patients témoins ayant reçu des soins standard et non-utilisateurs, l’analyse révèle :

 

  • une forte émergence, chez les utilisateurs, de gènes de résistance aux antibiotiques et une augmentation de leur expression.

 

« Bien que nous ne constations aucun changement majeur dans la communauté de bactéries intestinales chez les utilisateurs de doxy-PEP, ces patients présentent au fil du temps des quantités croissantes de gènes de résistance à la tétracycline dans leur intestin. Plus ils utilisent la doxy-PEP, plus l’augmentation de ces gènes est importante ».

 

Des recherches supplémentaires vont déterminer quelles bactéries intestinales activent ces gènes résistants à la tétracycline. L’étude sensibilise ainsi aux risques associés à une utilisation trop fréquente de la doxy-PEP mais confirme aussi que

« à l’heure actuelle, il semble que les avantages l’emportent sur les inconvénients ».


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