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DOXY-PEP (ou DOXYPEP) : 1 tiers des GBHSH l’ont déjà utilisée

Actualité publiée il y a 7 heures 14 min 36 sec
Infection
Une grande partie de la communauté des hommes gais, bisexuels ou ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (GBHSH) utilise la doxycycline, un antibiotique de la famille des tétracyclines pour prévenir les infections sexuellement transmissibles (IST) (Visuel Adobe Stock 306823370).

Une grande partie de la communauté des hommes gais, bisexuels ou ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (GBHSH) -en particulier en Espagne, lieu de l’étude-, utilise la doxycycline, un antibiotique de la famille des tétracyclines pour prévenir les infections sexuellement transmissibles (IST). Cette approche prophylactique nommée Doxy-PEP, apparaît un « outil » efficace et prometteur mais son utilisation de plus en plus large est préoccupante car elle risque d'accroître la résistance bactérienne ou antibiorésistance. L’équipe de l’Université de Barcelone (UB), révèle aujourd’hui, dans la revue Infection, que la pratique a précisé l’indication clinique.

 

L’un des auteurs principaux, Sergio Villanueva, chercheur et professeur d’information, de communication à l'UB rappelle que l’incidence croissante des IST est certainement un problème de santé publique majeur dans le monde. Actuellement, parmi les thérapies étudiées figure l'utilisation de l'antibiotique doxycycline comme méthode de prophylaxie post-exposition après un rapport sexuel non protégé - connue sous le nom de DoxyPEP.

L’équipe tente ici d’évaluer la prévalence de la pratique dans la communauté GBHSH.

La DoxyPEP -ou Doxy-PEP- n’est pas une pratique recommandée par les sociétés savantes : plusieurs essais cliniques ont récemment été menés, comme l’essai clinique IPERGAY en France en 2015 ; DoxyPEP aux États-Unis, ou DoxyVac en France en 2022 afin d’évaluer l’efficacité de la doxycycline comme méthode de prophylaxie post-exposition. Ces essais ont rencontré des résultats prometteurs contre la syphilis (Treponema pallidum), la chlamydia (Chlamydia trachomatis) et, dans une moindre mesure, la gonorrhée (Neisseria gonorrhoeae). Cependant, en dépit de ces premières preuves d’efficacité, la plupart des sociétés savantes ne recommandent pas son utilisation en communauté, principalement en raison du risque possible d’antibiorésistance.

 

L’étude menée en Espagne est la première menée sur l’ampleur de l’utilisation de DoxyPEP comme stratégie préventive au sein de la communauté. L’analyse menée auprès de 150 membres de la communauté suggère qu’alors que peu d’associations médicales et scientifiques approuvent l’utilisation communautaire de la DoxyPEP comme stratégie de prévention,

 

  • la communauté GBHSH l’a déjà intégrée comme mesure préventive ;
  • 35,4 % des répondants avaient utilisé la doxycycline comme DoxyPEP,
  • dont 17,2 % n’avaient pas suivi les schémas posologiques évalués dans les essais cliniques, soit 200 mg dans les 72 heures suivant un rapport sexuel sans préservatif. Des résultats qui semblent cohérents avec ceux observés dans une étude similaire en Allemagne, où une proportion comparable de membres de la communauté GBHSH échantillonnés avaient pris de la doxycycline au cours de l’année écoulée ;
  • les méthodes les plus courantes pour obtenir de la doxycycline sont la prescription d’un spécialiste ou l’utilisation de comprimés restants d’un traitement précédent ; dans certains cas, les commandes en ligne ou d’autres  canaux non officiels ;
  • l’utilisation de DoxyPEP est bien associée à une diminution au cours de l’année écoulée de la fréquence de diagnostic des différentes IST,
  • mais de manière plus significative pour la chlamydia. Des données qui cependant devront être confirmées car basées sur des données autodéclarées.

Ces données incitent au développement de lignes directrices pour une utilisation plus sûre de la DoxyPEP.

 « Le manque de réglementation et de prise de décision médicale et l'acquisition du médicament par des canaux non réglementés peuvent conduire à une mauvaise utilisation de la doxycycline comme stratégie préventive. Il s’agit aujourd’hui de garantir à la communauté des GBHSH, la qualité des traitements et la formation des professionnels chargés de la prescrire ».


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