EMPHYSÈME : Vers des traitements moins invasifs
Un protocole moins invasif pour l'emphysème s’avère ici tout aussi efficace qu'une chirurgie plus invasive : ces résultats du premier essai contrôlé randomisé comparant la chirurgie du volume pulmonaire et la réduction du volume pulmonaire par bronchoscopie avec pose de valve, présentés lors du Congrès international 2022 de l’European Respiratory Society (Barcelone) montrent la supériorité de la procédure moins invasive, de réduction du volume pulmonaire, pour l’amélioration de la fonction pulmonaire et de la capacité d'exercice et la réduction de l’essoufflement.
Ces nouvelles données devraient aider les médecins et les patients à choisir la meilleure approche pour traiter l'emphysème, une maladie pulmonaire chronique, généralement causée par le tabagisme, mais aussi par l’exposition à la pollution. Les parois des sacs aériens (alvéoles) dans les poumons s'affaiblissent et se désintègrent, laissant des espaces aériens anormalement volumineux et qui restent remplis d'air même lorsque le patient expire. Les symptômes comprennent l'essoufflement, la toux, la fatigue et la perte de poids. Chez les personnes dont les lésions pulmonaires sont inégalement réparties, un traitement ciblant la zone la plus touchée par l'emphysème, en réduisant le volume des poumons d'environ 20 à 30 %, peut améliorer le flux d'air et l'échange de gaz dans les alvéoles des autres parties des poumons.
L’essai compare 2 procédures, plus et moins invasives,
- la chirurgie du volume pulmonaire ou lung volume reduction surgery (LVRS) qui implique une chirurgie en « trou de serrure » dans la poitrine afin d'accéder aux poumons et d'enlever les zones des poumons les plus touchées par l'emphysème ;
- la réduction du volume pulmonaire par bronchoscopie avec pose de valve ou bronchoscopic lung volume reduction (BVLR), une procédure réalisée à l'aide d'une caméra à fibre optique, insérée dans les poumons par la bouche ou le nez. Des valves unidirectionnelles (valves endobronchiques) sont placées dans les voies respiratoires menant au lobe ciblé du poumon, provoquant son dégonflage presque complet.
L’auteur principal, Sara Buttery, physiothérapeute au National Heart and Lung Institute, Imperial College London (Royaume-Uni) commente cet essai : « Il a été démontré que les 2 procédures apportent des résultats positifs en termes de fonction pulmonaire, d'essoufflement, de capacité d'exercice et de qualité de vie. Jusqu'à présent, il n'y avait pas eu de comparaison directe entre ces deux procédures pour éclairer la prise de décision, sachant que la réduction du volume pulmonaire par bronchoscopie est, a priori, une option moins invasive et est considérée comme « moins risquée » ».
L'essai CELEB mené auprès de 88 patients âgés en moyenne de 64 ans souffrant d’emphysème, et répartis pour pour subir une LVRS (41 patients) ou une BLVR (47 patients), suivis ensuite pendant 1 an constate :
- une amélioration similaire de la fonction pulmonaire pour les 2 groupes ;
- des réductions similaires du piégeage des gaz et des améliorations similaires à la fois dans les différentes mesures ;
- un niveau de sécurité également similaire, avec un seul décès dans chaque bras de l'essai à 1 an- sachant qu’il s’agit de patients atteints d’une maladie pulmonaire grave.
Ainsi, la décision thérapeutique appartient conjointement au patient et à son médecin, concluent les chercheurs, l’essai rejetant l’hypothèse selon laquelle la chirurgie est nettement plus efficace que le traitement valvulaire.
Néanmoins, des recherches plus vastes et à plus long terme restent nécessaires pour préciser les groupes de patients à qui chaque procédure pourrait le mieux bénéficier. Le rapport coût/bénéfice des deux procédures doit également être étudié.