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ÉPIDÉMIES et POUVOIR : L’autoritarisme politique monte avec les taux d'infections ?

Actualité publiée il y a 3 années 1 mois 3 semaines
Journal of Social and Political Psychology
Un lien possible entre la prévalence des agents pathogènes et l'autoritarisme dans les positions publiques et le leadership politique (Visuel Fotolia).

Nous avons, en plus de notre système immunitaire physiologique, un système comportemental ou code de conduite inconscient qui nous aide à nous protéger de la maladie, et des infections, et qui repose en partie sur la peur d’être contaminé et donc un comportement d’évitement des personnes inconnues peut-être infectées. Ces psychologues de l’Université de Cambridge mènent ici, dans le Journal of Social and Political Psychology, la première recherche sur les liens possibles entre la prévalence des agents pathogènes et l'autoritarisme dans les positions publiques et le leadership politique.

 

En d’autres termes, plus le risque d'infection est élevé, comme avec la pandémie de COVID-19, plus les niveaux de stress collectif augmentent et plus l’idéologie défend la conformité et rejette les « groupes externes », ce qui constitue « un trait essentiel de la politique autoritaire », écrivent les chercheurs. Il existe donc un lien entre la prévalence des agents pathogènes ou les épidémies et l'idéologie, entre les taux d'infection et l’autoritarisme politique.

Une relation entre la prévalence des maladies infectieuses et l’autoritarisme politique ?

Les chercheurs ont utilisé des données épidémiologiques américaines sur les maladies infectieuses durant la période 1990 à 2000 et d’enquête menée auprès de 206.000 participants en 2017 et 2018. Cette analyse révèle que les villes et les États qui ont connu les taux de prévalence des infections les plus élevés ont évolué vers des gouvernances plus autoritaires. Ces résultats ont été reproduits au niveau international à l'aide de données d'enquête menée auprès de plus de 51.000 participants dans 47 pays différents, et, de la même manière, les chercheurs ont comparé les réponses aux taux de prévalence des maladies virales.          

 

  • Les États américains les plus autoritaires présentent des taux de maladies infectieuses - du VIH à la rougeole – environ 4 fois plus élevés que les États les moins autoritaires ;
  • les pays les plus autoritaires présentent un taux d’infection moyen 3 fois plus élevé que les pays moins autoritaires ;
  • ce lien n’est constaté que pour les maladies dont transmission est interhumaine et qui induisent donc « un système immunitaire comportemental » ;
  • après prise en compte de nombreux facteurs de confusion possibles, soit des critères socio-économiques qui peuvent influencer l'idéologie, les croyances religieuses et la politique, l’analyse relève que les taux d'infection régionaux plus élevés aux États-Unis correspondent à plus de votes pour Donald Trump lors de l'élection présidentielle américaine de 2016 !
  • En résumé, des taux plus élevés de maladies infectieuses sont corrélés avec des lois plus « verticales », plus autoritaires, voire plus extrêmes.

 

« Nous identifions ici une relation cohérente entre la prévalence des maladies infectieuses et une préférence psychologique pour les structures de pouvoir plus hiérarchiques caractéristiques d’une politique plus autoritaire », résume l'auteur principal de l'étude, le Dr Leor Zmigrod, expert en psychologie de l'idéologie à l'Université de Cambridge. « Des taux plus élevés de maladies infectieuses peuvent même prédire des comportements politiques tels qu’un vote conservateur et l’évolution vers un pouvoir et des lois plus autoritaires. Nous voyons cette relation émerger encore et encore ».

 

Ici, même si les données analysées sont antérieures à l’épidémie de COVID-19, les psychologues de l'Université de Cambridge affirment que le public pourrait développer, à la suite de la pandémie un désir plus élevé de « conformité et d'obéissance » ce qui pourrait mettre à mal la politique libérale.

 

« Si COVID-19 renforce l'attrait d’une politique plus autoritaire, ces effets pourraient être durables ».

« La santé et la politique sont peut-être plus étroitement liées que nous ne l'avions imaginé auparavant ».