ÉPILEPSIE : Les nouvelles molécules thérapeutiques sont dans l'aquarium
D’une forme sévère d’épilepsie reproduite chez un modèle de poisson à de petits essais cliniques pédiatriques pour tester un nouveau médicament à usage clinique, il n’y a qu’un pas, selon cette équipe de l'Université de Californie à San Francisco (UCSF) : ce premier test qui illustre le passage direct de l’aquarium au chevet du patient révèle en effet, dans la revue Brain, de nouvelles molécules prometteuses pour prendre en charge une forme sévère d’épilepsie chez l’Enfant, le syndrome de Dravet.
Les chercheurs de l'UCSF décrivent cette approche directe, souvent utilisée par la recherche, de « l'aquarium au chevet du patient », qui consiste à expérimenter un médicament découvert sur un modèle expérimental génétique d'épilepsie chez un petit nombre d'enfants atteints par la maladie. Des enfants atteints du syndrome de Dravet, une forme sévère d'épilepsie pédiatrique, causée par une mutation génétique et caractérisée par de fréquentes crises quotidiennes pharmacorésistantes et des retards de développement. C'est la première fois que des scientifiques testent, via un essai clinique, une thérapie découverte à l'aide d'un poisson modèle d'épilepsie directement chez des sujets humains. Une approche qui ici se révèle prometteuse pour mieux traiter les troubles neurologiques causés par des mutations génétiques.
Les scientifiques utilisent un modèle de poisson zèbre du syndrome de Dravet, pour tester la lorcaserine ((chlorhydrate de lorcaserin, Belviq® aux US) un anorexigène anticonvulsivant, à prendre par voie orale, au départ indiqué pour la perte de poids. Puis ils constatent, chez les 5 enfants atteints, résistants à d'autres médicaments antiépileptiques, que la lorcasérine permet de réduire considérablement la fréquence des crises : pendant les 3 premiers mois de traitement, l'un des petits patients qui souffrait de crises multiples tous les jours, est resté sans crises pendant 2 semaines. Au bout de 3 mois, certes ses crises avaient repris mais à une fréquence très inférieure à celle constatée au début de l'essai. Aucun des enfants n'a présenté d'effets secondaires sévères, hors une diminution de l'appétit.
La promesse des agonistes des récepteurs sérotoninergiques : en 2013, l'équipe de l'UCSF avait utilisé une méthode automatisée pour rechercher dans une base pharmacologique les molécules anti-épileptiques prometteuses et avait identifié le composé clemizole, un autre modulateur de la sérotonine, comme efficace à réduire les crises chez le poisson zèbre modèle de la maladie. La sérotonine étant impliquée dans diverses fonctions du cerveau, dont l'humeur, l'appétit et la mémoire. C'est ainsi que les chercheurs ont ensuite identifié la lorcaserine, qui affecte aussi le système de la sérotonine et est disponible pour l'usage clinique.
La promesse de l'aquarium : Avec le poisson zèbre, expliquent les chercheurs, nous pouvons réduire considérablement le temps entre l'identification d'un traitement et ses tests chez des patients en situation clinique critique. L'équipe développe actuellement des médicaments à base de clemizole et de ses dérivés, pour de futurs essais cliniques et poursuit ses expériences pour mieux cerner le rôle spécifique des récepteurs sérotoninergiques dans l'épilepsie dans l'objectif de développer des traitements plus efficaces pour les enfants souffrant de syndrome de Dravet.
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