ÉPILEPSIE : Localiser la source des crises, entre 2 convulsions
Une nouvelle technologie permet de localiser la source des crises et rend ainsi l’option chirurgicale plus viable pour les patients atteints d'épilepsie réfractaire ; c’est le développement de cette équipe de neurochirurgie de l’Hôpital pour enfants de Boston qui nous est présenté dans la revue Neurosurgery. Ce nouveau modèle de calcul rationalise le processus de surveillance des crises nécessaire à la planification chirurgicale et optimise le repérage de la zone source pour le chirurgien.
L'option chirurgicale quoiqu'efficace est encore mal acceptée par les patients et « réservée » aux cas d'épilepsie réfractaire aux médicaments, bien qu'elle ait fait ses preuves : une étude menée pour la Ligue Internationale Contre l'Epilepsie (LICE) de 2012, publiée dans la revue Epilepsia, conclut que la chirurgie permet de supprimer les crises chez près d'un patient épileptique sur 2, et parvient à améliorer la qualité de vie de 80% d'entre eux. Cependant, tout est dans la précision du repérage des zones cérébrales malades sources des crises avant une première intervention puis de la surveillance à long terme avant, dans la plupart des cas, une seconde intervention. La nouvelle technologie, développée par le Dr Joseph Madsen, directeur du service de chirurgie de l'épilepsie à l'hôpital pour enfants de Boston pourrait permettre aux patients d'être surveillés sur une courte session même exempte de crise. Les patients pourraient alors passer directement à la chirurgie, en évitant une deuxième intervention. « Nous savons que le réseau malade responsable des crises est là même entre 2 crises », explique le Dr Madsen. « Alors plutôt que d'attendre que le patient ait une crise, nous avons cherché à identifier des modèles d'interaction entre différents points du cerveau de nature à nous aider à prédire la source des crises ». Pour identifier ces zones sources, les chercheurs ont développé un algorithme d'analyse des données EEG des patients entre 2 crises puis valident cet algorithme chez 25 patients atteints d'épilepsie réfractaire et déjà sous surveillance EEG à long terme. Les chercheurs ont ainsi analysé les données des 20 premières minutes sans crise de ces patients sous EEG.
L'algorithme est basé sur le principe d'analyse de causalité au sens de Granger (Prix Nobel d'économie 2003) utilisé à l'origine pour les prévisions économiques. Cet algorithme permet de prévoir que la probabilité d'activité constatée sur un site spécifique du cerveau est corrélée, de manière causale, à la probabilité d'activité ultérieure d'autres sites du cerveau. Ainsi, en pratique, l'algorithme permet de générer dans le réseau épileptogène de chaque patient, une carte des relations causales qui peut être superposée sur des images du cerveau. Chez les 25 participants, les chercheurs montrent que les zones « causales » du cerveau ainsi identifiées sont fortement corrélées aux zones sources des crises telles qu'identifiées sur les EEG effectuées en cours de crises. De plus, ces calculs peuvent être effectués suffisamment rapidement pour faciliter la prise de décision chirurgicale.
La mise en application clinique de cette technologie pourrait réduire de moitié le risque d'échec de l'intervention et de seconde chirurgie, et réduire ainsi le coût de prise en charge de ces patients. Pour l'équipe de l'hôpital pour enfants de Boston, c'est déjà le moyen de traiter plus d'enfants atteints d'épilepsie avec moins de risques et « moins cher ».
(In Press) via Eurekalert (AAAS) 2-May-2017 Pinpointing where seizures are coming from, by looking between the seizures (Visuel@Boston Children's Hospital)
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