ÉPILEPSIE : Une station météo pour prévoir les crises
L'imprévisibilité des crises d'épilepsie est l’un des handicaps les plus sévères pour les patients. Cette technique mise au point par une équipe de neurologues de l’Université de Genève pourra permettre à certains patients de prévoir les crises à venir d'un à plusieurs jours à l'avance. Un dispositif précieux pour les épileptiques résistants aux traitements, mais qui passe néanmoins par une phase invasive. Documenté dans le Lancet Neurology, ce nouveau concept, basé sur l'analyse préalable de l'activité électrique du cerveau de chaque patient, pourrait donner lieu prochainement au développement d’un appareil minimalement invasif et portatif pour une meilleure gestion de l’épilepsie.
L’imprévisibilité des crises d’épilepsie fait l'objet de nombreuses recherches, sans résultat concret à ce jour, en dépit du lourd handicap associé. « Cela fait plus de 50 ans que les spécialistes mondiaux essayent de prédire les crises quelques minutes à l'avance, avec un succès limité », commente l’auteur principal, Timothée Proix, chercheur en neurosciences à l'UNIGE. Les crises ne semblent pas être précédées de signe annonciateur évident qui peuvent permettre leur prédiction.
Prévoir le passage du cerveau de l’état physiologique à l’état pathologique
Les neuroscientifiques de l'Université de Genève (UNIGE) et de l'Hôpital universitaire de Bern (Inselspital), en collaboration avec l'Université de Californie à San Francisco (UCSF) et l'université Brown (Providence), proposent une méthode capable de prédire les crises un à plusieurs jours à l'avance. L’approche consiste à :
- réaliser des enregistrements de l'activité neuronale sur une période d'au moins 6 mois réalisés par l’intermédiaire d’électrodes implantées dans le cerveau ;
- analyser les cycles d'activité épileptique du sujet ;
- à partir de là, pouvoir reconnaître le développement de cette activité et estimer la probabilité d'apparition d'une crise.
Se défaire de cette menace permanente : l’objectif serait de pouvoir permettre aux patients de vivre sans l'angoisse de « cette menace permanente contraignant à une prise quotidienne de médicaments et à une réorganisation adaptée des activités ». Sans compter les patients -entre 25 et 33%- qui ne répondent pas aux traitements.
Le concept de "station météo" : il semble possible d'identifier des décharges interictales, c'est-à-dire des décharges détectables entre les crises, sans pour autant les provoquer directement. C’est ce que montre cette analyse de données d'activité neuronale recueillies sur plusieurs années grâce à des dispositifs implantés dans le cerveau de patients épileptiques.
Les scientifiques parviennent ici à identifier la signature d’un «état pro-ictal », où la probabilité d'apparition d'une crise est élevée. « Nous avons adapté ces modèles mathématiques aux décharges épileptiques pour savoir s'ils étaient annonciateurs ou inhibiteurs d'une crise », précise Timothée Proix. Ainsi, l'équipe suggère, que sur la base de données d'activité cérébrale sur 6 mois,
il serait possible de prédire les crises chez environ 2 tiers des patients.
Enfin, le traitement de ces données semble pouvoir passer par un dispositif suffisamment petit pour être implanté dans la boîte crânienne. C’est la prochaine étape : le développement d’un dispositif minimalement invasif et portatif pour un meilleur contrôle de l’épilepsie.
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