ÉVALUATION de la DOULEUR PÉDIATRIQUE : Un défi en cas de troubles complexes et neurologiques
L’évaluation de la douleur chez le petit enfant, encore incapable de s’exprimer et de la décrire avec des mots, ou encore chez des enfants présentant des comorbidités complexes, est un défi de toujours pour les infirmières en pédiatrie. Cette recherche de la Solomont School of Nursing de l’Université du Massachusetts nous indique les priorités dans l'identification de la douleur chez l'enfant, en particulier lorsqu’il souffre de troubles neurologiques. Une feuille de route et des recommandations précieuses, présentées dans l’American Journal of Nursing.
La douleur est un problème courant chez les enfants ayant des problèmes de santé complexes, mais la plupart sont incapables de décrire leur douleur, soit en raison de leur âge, soit de leur état de santé. Les infirmières qui soignent ces enfants sont confrontées à une tâche difficile voire un défi pour évaluer et identifier la ou les causes de la douleur. Les auteurs remarquent qu’un enfant, « autrement en bonne santé » verra, pour une infection de l'oreille par exemple, son diagnostic et son traitement fixés en moins d’une heure alors que les enfants hospitalisés pour des problèmes de santé complexes pourront attendre parfois une semaine avant que le même diagnostic puisse être posé. « Identifier la douleur tôt pour que les équipes puissent « se mettre au travail », permet d’éviter les séjours prolongés à l'hôpital, le stress familial, certaines interventions chirurgicales voire le risque de décès », rappelle le Dr Quinn, auteur principal de l’étude.
L’étude a suivi durant 2 ans 46 patients pédiatriques souffrant de déficience intellectuelle ou dépendant complètement des soignants ou de dispositifs médicaux (comme les tubes d'alimentation) pour leurs soins et leur survie. Ces jeunes patients, âgés en moyenne de 13 ans, comprenaient des nourrissons, des enfants et de jeunes adultes. La plupart souffraient de plusieurs maladies chroniques à la fois, le plus souvent de troubles épileptiques et de paralysie cérébrale ; tous étaient incapables de communiquer leur douleur de manière verbale, c’est-à-dire de renseigner les soignant sur le site, l’intensité ou le type de douleur ressentie. Ces patients ont subi en moyenne 5 tests de diagnostic, le plus souvent des radiographies et ont été évalués en moyenne par 4 services spécialisés de l'hôpital.
Les diagnostics les plus fréquents étaient les infections, dont les infections des voies urinaires (30% des enfants), la constipation (20%), l’augmentation des crises d’épilepsie (13%). Au total, un diagnostic de douleur chronique a été posé chez 22% des patients. Dans tous les groupes de diagnostic, les symptômes étaient similaires, y compris l'irritabilité, l'intolérance alimentaire, les changements d’humeur et les vomissements.
Pendant leur séjour à l'hôpital, les enfants ont subi plus de 3.300 évaluations de la douleur, soit une moyenne de 7 évaluations par patient et par jour. Puisque les enfants ne pouvaient pas communiquer leur douleur, les infirmières utilisaient un certain nombre d'outils d'évaluation basés sur des comportements douloureux observables (expressions faciales, pleurs, etc.).
Des recommandations précieuses : à l’issue de ce suivi très précis, l’équipe de recherche apporte des recommandations précieuses pour l'évaluation de la douleur chez ce groupe de patients :
- solliciter les parents ou les soignants qui connaissent bien l’enfant : les résultats suggèrent que les parents sont souvent les mieux placés pour identifier des changements de comportement associés à la souffrance de leur enfant ;
- détecter la présence de la douleur, même lorsque l'enfant semble dormir ou lorsqu'il y a des signes de changement d'humeur ou d’état mental ;
- utiliser des outils d'évaluation de la douleur adaptés aux capacités cognitives du patient, incorporant des évaluations du comportement et les commentaires des parents ;
- rester très attentif aux sources de douleur qui peuvent être mortelles mais ne pas négliger pour autant les sources de douleur « plus communes » comme une infection ou la constipation.
Les chercheurs soulignent la nécessité de poursuivre les recherches sur les symptômes, l'évaluation et le diagnostic de la douleur chez les enfants présentant des comorbidités complexes, en particulier chez ceux qui ne peuvent pas communiquer.
« Lorsque l'évaluation de la douleur est inadéquate, ces enfants souffrent inutilement ». Les chercheurs travaillent donc à développer un outil « tout en un » permettant une évaluation complète et efficace de la douleur pour ce groupe de patients pédiatriques vulnérables.
Autres actualités sur le même thème
MÉLANOME et PARKINSON : Le gène de la rousseur, un facteur de risque commun ?
Actualité publiée il y a 7 années 9 moisTABAGISME : Il conduit immanquablement au déclin cognitif
Actualité publiée il y a 3 mois 9 heuresSIESTE : Elle fait des enfants plus heureux et plus intelligents !
Actualité publiée il y a 5 années 5 moisNARCISSISME : Un trait d’une autre époque ?
Actualité publiée il y a 5 années 5 jours