ÉVOLUTION et SÉDUCTION : Comment les échecs mènent au succès
Pourquoi les hommes éconduits sont-ils ensuite plus avares de tentatives de séduction ? Cette équipe de l’Université de Californie décrypte toute la cascade hormonale en jeu dans le processus de séduction et d’accouplement. Chez la mouche à fruits, 2 hormones permettent au mâle de maintenir ses souvenirs d’échecs et finalement d’améliorer sa capacité à s'accoupler avec succès en se concentrant sur des femelles plus réceptives, avec lesquelles l'accouplement est beaucoup plus probable. En d'autres termes, il est inutile de perdre un temps précieux en poursuivant des femmes non réceptives.
Certes, ces biologistes de Riverside utilisent la mouche à fruits comme modèle, mais le modèle permet d’identifier 2 hormones et un neurotransmetteur au rôle clé dans la séduction, l’accouplement et la reproduction au début de l'âge adulte. Avec une signalisation équivalente chez l'Homme. L’étude montre que les tentatives infructueuses de séduction des mâles créent des souvenirs aversifs qui réduisent l'enthousiasme pour les tentatives suivantes et décryptent ce comportement évolutif au niveau moléculaire.
Les chercheurs montrent que chez un mâle Drosophila melanogaster, repoussé par une femelle déjà accouplée, l'état hormonal du corps est essentiel au maintien de ces tentatives infructueuses. 2 hormones sont requises dans le cerveau pour maintenir ces souvenirs : l'hormone déclenchante de l'ecdysie ou mue (ETH pour ecdysis triggering hormone) et l'hormone juvénile (JH pour juvenile hormone). De plus, le neurotransmetteur dopamine, impliqué dans la régulation des centres de récompense du cerveau, joue également un rôle clé. L'ETH s’avère essentielle pour la mémoire de ces tentatives de séduction (parade) par la régulation des niveaux de JH chez les mâles adultes.
Les souvenirs des expériences passées influent sur les comportements futurs, explique l’entomologiste et neuroscientifique Michael Adams, auteur principal de l’étude. L'état hormonal joue un rôle clé dans la capacité à apprendre et à se souvenir des expériences. Cet état hormonal est maintenu par une cascade de moléculaire à plusieurs étapes impliquant les hormones ETH, JH et les neurones dopaminergiques. Cette cascade de signalisation fonctionne durant une fenêtre critique au début de l'âge adulte et, durant cette période, elle régule la mémoire en fonction du contexte social.
Ainsi, les chercheurs constatent en laboratoire qu'une mouche à fruits mâle rejetée par une mouche à fruits femelle continue de tenter d'approcher la femelle si la cascade de signalisation est interrompue, en raison de la perte de cette mémoire à court terme des tentatives précédentes infructueuses. Mais les chercheurs parviennent aussi à rétablir cette mémoire des échecs, via le méthoprène, un composé chimique agoniste de l’hormone juvénile.
De la mouche à l’Homme ? Les chercheurs notent que l’hormone juvénile (JH), présente chez de nombreuses espèces d'insectes, peut avoir des fonctions de signalisation analogues à l'hormone thyroïdienne chez les mammifères. Alors que la plupart des études se concentrent sur les circuits neuronaux, cette étude montre donc l’importance des hormones dans la modulation de ces circuits. Avec un bénéfice évolutif, bien sûr : cette mémoire « hormonale » de l’échec permet d’améliorer la capacité de l'homme à s'accoupler avec succès en se concentrant sur les femmes réceptives.
Et chez les femmes ? La cascade fonctionne aussi, précisent les chercheurs, mais sa fonction est différente. Elle influence l'apprentissage et la mémoire, mais aussi la physiologie de la reproduction dont l'ovulation.
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