ÉVOLUTION : Pourquoi les pugnaces ne sont pas des rapides
Cette recherche d’anthropologues de l’University of Utah suggère un compromis évolutif entre 2 capacités majeures chez l’homme, celles du lutteur et du coureur ou de combat et de mobilité. Alors qu’il a longtemps été supposé qu’une force dans un aspect de la condition physique pouvait signifier et entraîner une faiblesse dans une autre capacité physique, cette expérience sur la souris présentée dans le Journal of Experimental Biology fournit de premières preuves de cette théorie. Bref, l'évolution grossit parfois un trait au dépens de l'autre.
L’énergie investie dans la mobilité et la rapidité, comme celle investie dans le combat physique ou la lutte pour la survie, sont des traits de performance importants pour la survie de nombreuses espèces et donc pour la biodiversité. La locomotion représente une part importante de la dépense énergétique quotidienne de nombreux animaux. La performance au combat détermine souvent l'aptitude à la reproduction et à la domination et à l'interaction sociales. Cependant, les phénotypes favorables à la performance dans l’une de ces capacités peuvent entraîner une moindre performance ou une déficience dans l'autre. Ici, les chercheurs apportent la preuve de cette association inverse chez la souris. Des constatations plutôt inquiétantes pour l'évolution de la diversité comportementale et phénotypique, en particulier en cas de conditions environnementales extrêmes.
Ainsi, ceux qui courent vite ne sont en général pas de grands combattants, les "pugnaces" ne sont pas des "rapides":
Les chercheurs font ici la démonstration de cette association chez la souris, en évaluant la capacité de souris mâles réunies dans un territoire où vivent des femelles, à repousser d’autres mâles. Les souris sont placées dans un espace clôt suffisamment spacieux pour que les « perdants » puissent battre en retraite. Avant et après ces expériences de lutte pour la domination, les chercheurs évaluent la capacité des souris mâles à se déplacer sur de petits tapis roulants et mesurent leur vitesse de course. L'expérience montre que les souris qui défendent le mieux leur territoire contre l'intrusion d'autres mâles sont aussi celles qui brûlent plus d'oxygène et peinent le plus à la course. Et beaucoup plus que les mâles les moins combattifs. L’étude montre aussi que la masse corporelle n'y est pour rien car les bons combattants et les bons coureurs ontt à peu près la même masse corporelle.
Alors que les êtres humains ont recours à la fois à la lutte et à la rapidité, ces données suggèrent que l’évolution donne la part belle à l’une de ces 2 capacités au détriment de l’autre pour façonner, chez chaque sujet, écrivent les chercheurs, un compromis ou une spécificité phénotypique. On ne peut pas avoir toutes les qualités...