EXCÈS ALIMENTAIRES : Améliorer notre relation avec notre corps et notre assiette
Les excès alimentaires sont montrés du doigt par les bien-pensants, les nutritionnistes comme les médias. D’ailleurs, les « coupables » s’accusent eux-mêmes de leur forfait et devant la place publique, font amende honorable. Les pouvoirs publics les désignent et le Haut Conseil pour la Santé Publique s’indigne ; il montre du doigt les rebelles et lance de nouvelles injonctions : moins de sucre, moins de sel, moins de viande, moins de fromage, moins de beurre, moins de charcuterie, mais des légumes sans limite.
Il faut cesser ce harcèlement, retrouver le bon sens et se réconcilier avec la nourriture et avec soi-même.
« Ce qui n’est pas bon est bon », rétorquent quelques courageux qui n’osent pas se montrer. La police du bien-manger fait suite à la police de la pensée. Parmi les accusés, certains se défendent et disent qu’il ne s’agit que d’écarts : ils sont soutenus par quelques diététiciens compatissants et bienveillants. La bienveillance est à la mode, elle a remplacé l’amour du prochain ; cela fait plus moderne et ce n’est pas connoté, laïcité oblige.
Mais que se passe-t-il Monsieur le médecin nutritionniste ? Vous déraillez ; tout cela est mal, il faut dénoncer les excès alimentaires. En réalité il faut cesser ce harcèlement, retrouver le bon sens et se réconcilier avec la nourriture et avec soi-même.
D’abord, qu’est-ce qu’un excès ?
Pour le définir, il faudrait commencer par savoir ce qu’est une alimentation normale. Les épidémiologistes nous enseignent ce qui est bon pour notre santé, mais ils parlent du mangeur moyen, du Français moyen, or celui-ci n’existe pas : il est diversifié le Français moyen ! Certains mangent plus que d’autres, et alors ! Mangent-ils trop ? Trop par rapport à une norme ou trop pour eux ? Dans ce second cas, comment le savoir ? « Ils sont trop gros », clame la foule.
En réalité, ce n’est pas si simple ; peut-être, sûrement, à un moment donné, ont-ils mangé plus qu’ils ne devaient parce que, le plus souvent inconsciemment, ils ont bafoué la régulation de leur prise alimentaire en n’écoutant plus leurs sensations alimentaires et en mangeant au-delà de leurs vrais besoins. Les raisons sont multiples : le stress, la fatigue, les émotions mal contrôlées, le manque de sommeil, la plaie des écrans, la sédentarité, la perte des rythmes de vie, l’abondance de l’offre alimentaire, les effets indésirables des régimes... Oui, l’excès est survenu parce qu’il était répété, non corrigé le repas ou le jour suivant. Car normalement, notre alimentation n’étant pas toujours fixe, l’équilibre n’est que la résultante de petits déséquilibres corrigés en permanence spontanément ou volontairement. D’excès il n’y a plus s’ils sont modérés, conscients, non successifs et corrigés. Sinon, le poids augmente irrémédiablement puis le surpoids s’installe. Alors, quand le surpoids est présent, le « trop gros » a des besoins qui augmentent non seulement parce que son estomac « s’est agrandi », mais surtout parce qu’il a un corps lourd et encore actif à nourrir ; l’excès énergétique, cette fois par rapport aux autres, devient une nécessité presque physiologique car ses besoins ont augmenté.
Alors que faire ? Commencer par ne pas ériger de norme, tout juste des repères pour aider ceux qui sont « carrément » au-dessus en permanence. Ne pas accuser tout un pays de mal manger. Ensuite, ne pas regarder dans l’assiette du voisin : la comparaison rend malheureux parce que l’on trouve toujours que c’est injuste, et la jalousie est un vilain défaut. Mais surtout se réconcilier avec la nourriture. Il est normal d’aimer les bonnes choses.
Ce ne sont pas les aliments qu’il faut jeter aux gémonies. C’est notre relation avec notre corps et notre assiette qu’il faut améliorer.
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