EXERCICE: L'endurance façonne la génétique et la mémoire musculaires
L'exercice d’endurance va modifier l'activité de milliers de gènes et donner lieu à une multitude de copies altérées dans nos cellules musculaires rapporte cette étude de l'Institut Karolinska. Des conclusions, présentées dans la revue Plos Genetics qui reviennent également sur le concept de « mémoire musculaire » ou l’adaptation progressive de notre corps à la pratique de l’exercice.
De nombreuses études ont documenté les bénéfices de l'exercice d'endurance régulier pour la santé et le bien-être, ainsi que pour la prévention des maladies cardiovasculaires, du diabète, de l'obésité et d'autres maladies. Cette étude contribue à décrypter les processus moléculaires sous-jacents à ces effets positifs.
L'étude a été menée auprès de 23 participants, invités à suivre un programme d'exercice consistant à faire travailler une jambe, mais pas l'autre. Des biopsies musculaires ont été prélevées avant et après la période d'exercice. Puis, après une période de 9 mois de repos, les participants ont repris le même programme mais avec les deux jambes cette fois, et des biopsies de muscle ont été prélevées sur les deux jambes. Les chercheurs étaient à la recherche d'éventuels effets résiduels du premier programme, une sorte de « mémoire musculaire » qui pourrait ensuite influencer la réponse au nouveau programme d'endurance. Les chercheurs suédois ont ainsi pu analyser l'ARN ou les copies moléculaires de la séquence d'ADN, dans le tissu musculaire avant et après les 2 entraînements d'endurance. Ils identifient ainsi environ 3.400 variantes d'ARN, associées à 2.600 gènes, modifiés en réponse à l'entraînement.
· L'analyse montre que l'exercice est ainsi concrètement capable de modifier, à la hausse ou à la baisse, la production de variantes de l'ARN.
· Cela suggère que les gènes à la suite de l'exercice peuvent changer de fonction et coder par exemple pour de nouvelles protéines aux dépens d'autres protéines.
C'est la première étude à démontrer que la pratique de l'endurance peut modifier à ce point l'expression de milliers de gènes.
La mémoire musculaire, ou la manière dont le corps s'adapte à la pratique régulière de l'endurance est donc médiée par un grand nombre de nos gènes, nous apprend également l'étude. L'activité génétique modifiée dans la jambe préalablement sollicitée s'avère encore plus marquée quand l'exercice reprend. Ainsi la réponse génétique à l'exercice d'endurance est différente dans chaque jambe, préalablement entrainée ou pas. Ce qui suggère que l'exercice peut laisser une signature génétique durable. Des travaux qui apportent à notre compréhension fondamentale de la façon dont les muscles fonctionnent et comment nous nous adaptons avec la pratique régulière de l'endurance. Des résultats qui peuvent également contribuer à optimiser les programmes d'exercice pour optimiser leurs effets en fonction des sujets et mieux personnaliser la prévention des maladies cardiovasculaires.