Exposition à la VIOLENCE et imprévisibilité de la vie
Vivre dans un environnement violent réduit la durée de vie et rend aussi très incertaines la vie à venir et l’espérance de vie, conclut cette équipe de spécialistes des sciences sociales de la New York University Abu Dhabi, de la London School of Hygiene and Tropical Medicine et de l’Université d’Oxford. Si l’on imagine bien les conséquences d’une exposition chronique à la violence sur les résultats de santé, l’étude, publiée dans la revue Science Advances, met en évidence une forte association avec une grande imprévisibilité de la vie.
On sait que l'exposition à la violence entraîne un état de vulnérabilité avec des implications sociales et psychologiques importantes, telles qu’un risque accru de dépression, d'abus d'alcool, de comportement suicidaire et de trouble de stress post-traumatique. Il est donc essentiel de comprendre les impacts de ce contexte de vie à long terme, dont l'adoption de comportements à risque.
Incertitude de l'avenir, incertitude concernant la survie
L’analyse, menée à la NYU Abu Dhabi, explore dans quelle mesure la violence généralisée dans un pays affecte l'incertitude de l'âge au décès, ou induit l’imprévisibilité de l’espérance de vie, un indicateur de santé publique clé sous-utilisé. Après avoir émis l'hypothèse que la violence est un prédicteur clé de l'incertitude de la vie à l'échelle internationale, l’équipe apporte les preuves d'un lien direct entre vivre dans un contexte de violence et une durée de vie certainement plus courte mais aussi plus imprévisible. Ce concept d’incertitude de la durée de vie peut être évaluée comme l'inégalité de l'âge au décès.
Violence et prise de décision : ces indicateurs qui vont de soi dans un contexte de violence généralisée et chronique ont en effet une grande influence sur le comportement humain et la prise de décision tout au long de la vie, avec des conséquences sur la poursuite des études, l’adhésion à un mode de vie sain, « la fertilité », ou encore le recours aux soins et l’observance des traitements.
L’étude a analysé les données de mortalité pour 162 pays entre 2008 et 2017 à partir de l'étude Global Burden of Disease et de l'Internal Peace Index. Cette très large analyse démontre que les pays les plus violents sont aussi ceux qui ont l'espérance de vie la plus faible mais aussi la plus imprévisible avec
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un écart estimé d'environ 14 ans dans l'espérance de vie avec les environnements de vie plus paisibles ;
- dans ces contextes de forte violence, l'incertitude de la vie est liée à une mortalité prématurée élevée, et les décès précoces constituent un facteur déterminant de l'écart avec les régions où la vie est plus paisible ;
- c’est aussi dans ces pays exposés à une violence généralisée que l'incertitude de durée de vie est la plus élevée.
- la violence se révèle un prédicteur clé de l'incertitude de la durée vie à l'échelle internationale : l’étude démontre ainsi une relation particulièrement forte dans les pays qui subissent des conflits et/ou des niveaux élevés de violence.
- ainsi, au Moyen-Orient, les décès au jeune âge constituent un prédicteur majeur de l'incertitude de la durée de vie ;
- en Amérique latine, ce sont les taux élevés d'homicides et de violence interpersonnelle qui constituent cette mortalité prématurée et sont prédictifs de l'imprévisibilité de la durée de vie ;
- si un contexte de vie violent entraîne des effets d’imprévisibilité de vie et de durée de vie plus importants pour les hommes, les conséquences restent également considérables pour les adolescentes et les femmes jeunes, en âge de concevoir ;
- ce lien entre les niveaux actuels de violence et l'incertitude de la vie n'a pas encore été intégré dans les politiques de santé publique, dans le monde.
Ainsi, on retiendra que l’exposition à la violence impacte la santé et la vie humaine, bien au-delà de sa durée.
Vivre dans un pays violent, c'est subir un double fardeau :
vivre moins longtemps et de manière moins prévisible. Ces niveaux d'incertitude très élevés rendent les populations d’adopter un lui-même moins prévisible plus violent, ce qui déclenche un cercle vicieux difficile à briser.
La violence comme la maladie est à prendre en compte comme un facteur de crise de santé publique importante, mais reste pourtant largement négligée par les autorités sanitaires de nombreuses régions du monde.
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