FIBRES: Un régime pauvre en fibres épuise le microbiote sur plusieurs générations
Cette étude de chercheurs de Stanford soulève de nouvelles préoccupations sur les effets, à très long terme, des régimes occidentaux typiquement faibles en fibres. Non seulement, ils peuvent entraîner des carences dans les communautés bactériennes de l’intestin, mais ces carences peuvent également être « passées » aux générations futures. Le point avec cette étude présentée dans la revue Nature et menée chez la souris.
Les fibres sont des glucides non attaqués par les enzymes digestives, salivaires et pancréatiques surtout. C'est une très large famille d'éléments nutritifs dont la très grande majorité est constituée de polysaccharides. De nombreuses études ont déjà documenté les bénéfices des fibres pour la santé. Cependant, dans nos régimes occidentaux, les fibres alimentaires sont un peu les mal-aimées, voire les plus mal connues de tous les nutriments. « Peut-être parce que leur destinée ne nous semble pas noble puisqu'elles terminent non digérées à l'entrée du côlon et à ce titre longtemps considérées comme des résidus ». Cette étude de Stanford soulève le risque de « carences internes », pouvant être passées aux générations futures, avec un régime trop faible en fibres. Des milliers d'espèces bactériennes distinctes habitent l'intestin de chaque individu en bonne santé. « Nous aurions des difficultés à vivre sans ces bactéries car elles contribuent à repousser les agents pathogènes, à stimuler nos systèmes immunitaires et même à booster le développement de nos tissus », rappellent les auteurs.
L'étude, menée chez des souris, indique que les régimes à faible teneur en fibres non seulement épuisent le microbiome intestinal, mais peuvent entraîner une perte irréversible de la diversité des communautés bactériennes au sein de cet écosystème. De jeunes souris ont été spécialement élevées dans un environnement aseptique de manière à appauvrir leurs intestins de toute présence microbienne. Les souris ont reçu ensuite des microbes de donneurs humains. Un groupe de souris a été nourri avec un régime riche en fibres d'origine végétale, l'autre groupe avec un régime très pauvre en fibres. En analysant des échantillons de matières fécales, les chercheurs constatent que les souris du groupe « régime faible en fibres » présentent beaucoup moins d'espèces bactériennes dans leur intestin : la moitié des communautés bactériennes sont réduites de plus de 75% et certaines ont totalement disparu. A 7 semaines, les souris qui avaient consommé un régime alimentaire pauvre en fibres sont ensuite soumises à un régime riche en fibres, durant 4 semaines. Cependant la restauration du microbiote n'est que partielle : un tiers des espèces d'origine ne récupèreront jamais leurs niveaux antérieurs.
Un effet de long terme et irréversible : le « hic » est donc que cet effet d'épuisement n'apparaît pas réversible. Ainsi, un régime alimentaire rééquilibré en fibres ne sera pas suffisant pour restaurer les espèces bactériennes perdues. Si l'étude est menée chez l'animal, sa première conclusion est, selon les auteurs, applicable aux humains : l'apport croissant, dans nos régimes alimentaires, d'aliments préparés sans et cela depuis le milieu du 20e siècle, a entraîné une réduction moyenne des apports en fibres, estimée à 15 grammes par jour. Nous pourrions ainsi, avec cette carence en fibres, nous diriger vers un appauvrissement de nos microbiotes et accroître ainsi notre risque de maladies.
Un effet sur 4 générations : parmi les sources les plus importantes de nos populations bactériennes intestinales, il y a celles associées à notre famille, en particulier la mère pendant l'accouchement et la petite enfance. Or, l'étude montre également que des souris exposées aux microbes uniquement par contact avec leurs parents présentent un microbiome de plus en plus appauvri avec les générations. A la 4è génération, cet épuisement atteint un stade auquel près des 3 quarts des espèces bactériennes intestinales ont disparu. Et là encore, même un régime riche en fibres n'est pas suffisant à restaurer un microbiote diversifié.
Les causes sont entendues, dont l'utilisation généralisée des antibiotiques, la fréquence des césariennes et les faibles taux d'allaitement, cependant on occulte souvent la consommation de fibres alimentaires qui, à elle seule, pourrait faire la différence.
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