FIBROMYALGIE: Une vraie pathologie, multimodale et multisensorielle
Cette recherche de l'Université du Colorado, Boulder, non seulement contribue à confirmer la fibromyalgie comme une pathologie réelle mais révèle que les personnes souffrant de fibromyalgie sont hypersensibles à la stimulation sensorielle quotidienne. Cela inclut non seulement les stimuli sonores mais aussi une hypersensibilité au toucher, avec une sensation de malaise générale, qui vient s’ajouter aux douleurs et aux handicaps. Des conclusions présentées dans la revue Arthritis and Rheumatology, qui viennent élargir encore le spectre des symptômes de la maladie.
La recherche progresse en effet, dans l'étude de la fibromyalgie, qui non seulement apparaît de plus en plus comme une pathologie fréquente, mais avec la définition progressive de ses multiples symptômes comme une maladie multimodale, et systémique touchant à la fois le système nerveux central et les « petites fibres nerveuses ». Caractérisée par des douleurs diffuses, la fibromyalgie est un syndrome musculo-squelettique chronique qui affecte pas moins de 2% à 5% de la population. Ce syndrome douloureux est associé à une fatigue devenue chronique, des troubles du sommeil, des colopathies, des céphalées, etc … ce qui en fait une pathologie complexe et souvent invalidante. La maladie touche majoritairement les femmes, avec un sexe-ratio de 9:1. De précédentes études ont déjà suggéré, en plus de la sensibilité à la douleur, une tolérance réduite aux stimuli sensoriels et une hypersensibilité aux événements non-douloureux.
Ici, en utilisant l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), les chercheurs montrent, chez 35 patientes atteintes de fibromyalgie, âgées de 47 ans en moyenne, vs 25 témoins exempts de la maladie, appariés pour l'âge, une réponse réduite dans les zones visuelles et auditives du cerveau- alors qu'on aurait pu imaginer une augmentation. La recherche montre donc une réponse centrale altérée à la stimulation multisensorielle, qui, selon les auteurs, fait partie intégrante des symptômes de la pathologie, car cette activation corticale réduite dans les zones cérébrales visuelle et auditives sont associées à des plaintes de douleur des patients.
Quelle explication, quelles implications ? Le cerveau des personnes souffrant de fibromyalgie ne reconnaitrait pas les signaux sensoriels au départ et ne les traiterait pas dans les zones appropriées du cerveau ce qui amplifierait ces signaux, au lieu de juste les « traiter en routine » comme c'est le cas chez les sujets en bonnes santé. L'auteur explique : lorsque qu'on rentre dans une maison pour la première fois, on identifie un certain parfum. La deuxième fois, on le reconnait. La troisième fois, on n'y prête plus attention. Ce n'est pas le cas chez les personnes atteintes de fibromyalgie. Finalement, chez les patients atteints de fibromyalgie, chaque stimulus sensoriel est traité comme nouveau et unique.
Une découverte qui incite les auteurs à réfléchir à des thérapies par neurostimulation des zones sensorielles du cerveau, des thérapies encore peu évoquées dans le traitement de la maladie.
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