GARDE de NUIT : Pas plus de 3 quarts de nuit consécutifs
Des siestes régulières de 20 minutes au moins, dès que possible, pendant les quarts de nuit et pas plus de 3 quarts de nuit consécutifs, c’est ce recommandent aujourd’hui ces experts, aux médecins et aux infirmières appelés à travailler de nuit. Pour leur propre santé mais aussi pour la sécurité des patients. Des données issues d’une large revue de la littérature sur le sujet, présentées au Congrès Euroanaesthesia de la Société européenne d'anesthésiologie et de soins intensifs (ESAIC).
Les effets de la fatigue liés aux quarts et au travail de nuit, peuvent être mortels pour les médecins et les infirmières eux-mêmes, et ont un impact élevé sur la qualité de la pratique clinique, des décisions thérapeutiques et donc sur la sécurité des patients. La revue, menée par le Dr Nancy Redfern, anesthésiste au Newcastle Hospitals - NHS Foundation (Royaume-Uni) conclut, qu'en raison de ces risques maintenant bien documentés , « les soins de santé devraient disposer de systèmes formels de gestion des risques comme ceux requis par la loi dans toutes les autres industries critiques pour la sécurité ».
Avant le développement d’un système de gestion des risques, quelques recommandations
A l’issue de l’analyse de la littérature sur le sujet, les chercheurs apportent déjà quelques conclusions :
- environ 50 % des internes et infirmières ont déjà fait l’expérience soit d’un accident durant leur garde ou d’un accident sur le chemin du retour après un quart de nuit ;
- conduire après avoir été éveillé pendant 20 heures ou plus est aussi dangereux que conduire avec un taux d'alcoolémie supérieur à la limite légale ; les personnels de santé qui rentrent chez eux en voiture après des quarts de 12 heures sont 2 fois plus susceptibles d'avoir un accident que ceux qui travaillent sur des quarts de 8 heures ;
- tous les médecins et infirmières de garde de nuit, devraient faire des siestes régulières, d’au moins 20 minutes pendant les quarts de nuit sous peine de mettre en danger, en raison de niveaux de fatigues trop élevés, non seulement la sécurité des patients mais aussi de leurs propres trajets de retour à la maison après leur quart de nuit ;
- aucun médecin ou infirmier ne devrait enchaîner plus de 3 quarts de nuit.
- au-delà, tout professionnel éprouve des interruptions de vigilance ou « micro-sommeils » spontanés, inconscients et incontrôlés ;
- le retard de sommeil commence à s'accumuler après 2 nuits ou plus de sommeil restreint, et il faut au moins 2 nuits de bon sommeil pour récupérer ;
- la fonction cognitive est altérée après 16 à 18 heures d'éveil, ce qui entraîne une détérioration de la vigilance du professionnel à interagir efficacement avec les patients comme avec ses collègues.
« Lorsque la fatigue s'installe, nous, dans l'équipe médicale et soignante, sommes moins empathiques avec les patients et les collègues, la vigilance devient plus variable et le raisonnement logique est altéré, ce qui rend difficile une partie des tâches critiques, comme le calcul, par exemple, des doses de médicaments dont un patient a besoin. Nous avons du mal à nous adapter ou à retenir de nouvelles informations ce qui rend difficile la gestion de situations d'urgence qui évoluent rapidement. Notre humeur aussi se détériore, donc notre travail d'équipe en souffre. Par conséquent,
tous les facteurs qui contribuent à la sécurité de nos patients sont affectés ».
L’équipe poursuit ses recherches pour préciser les meilleurs protocoles pour lutter contre l'impact de la fatigue et travaille avec la Société européenne d'anesthésiologie et de soins intensifs (ESAIC) à l'élaboration de lignes directrices pour le travail de nuit des professionnels de santé.
« Nous espérons qu'en fin de compte les régulateurs reconnaîtront que les professionnels de santé ont la même physiologie que dans toutes les autres industries critiques pour la sécurité ».
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