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GREFFE : Épargner aux receveurs les effets secondaires des immunosuppresseurs

Actualité publiée il y a 1 année 1 mois 2 semaines
Science Translational Medicine
C'est un nouveau protocole de greffe sécure, et évitant de surcroît le risque des effets secondaires graves de l'utilisation à long terme des immunosuppresseurs (Visuel Adobe Stock 610518965)

Ces résultats d’essais menés par une équipe de chirurgiens, d’immunologues et de médecins de l’Université de Pittsburgh révèlent une possibilité de « transplanter » sans obligatoirement maintenir une immunosuppression à long terme. La recherche, publiée dans la revue Science Translational Medicine, ouvre un nouveau protocole de greffe sécure, et qui évite le risque des effets secondaires graves de l'utilisation à long terme des immunosuppresseurs.

 

Quel protocole ? Il s’agit de donner aux receveurs d’une greffe de foie d’un donneur vivant une infusion de cellules immunitaires dérivées de leur donneur, une semaine avant la greffe. Le principe est ici démontré comme faisable et sûr et semble permettre aux receveurs d’être sevrés avec succès des immunosuppresseurs sans risque de rejet de l’organe transplanté. L’utilisation à long terme d’immunosuppresseurs peut en effet induire des effets sévères, dont le cancer, le diabète, l’insuffisance rénale et une sensibilité aux infections.

« Des résultats préliminaires très encourageants »,

commente l'auteur principal, le Dr Angus W. Thomson professeur distingué d'immunologie et de chirurgie à Pitt et membre du Thomas E. Starzl Transplantation Institute : « À l’heure actuelle, nous avons la preuve préliminaire que ce protocole permet de modifier la réponse immunitaire du receveur de manière à pouvoir réduire en toute sécurité – voire supprimer – l’immunosuppression ».

Et si les patients greffés ne dépendaient plus indéfiniment des immunosuppresseurs ?

L’exemple est ici apporté avec la greffe du foie. Parce que le foie se régénère, il est possible d’en donner une partie à un receveur qui en a besoin. La partie du foie laissée chez le donneur et la partie donnée au receveur repoussent en foie de taille normale. C’est ce qu’on appelle une greffe de foie de donneur vivant.

 

L’étude, un essai de phase 1 est mené auprès de 15 patients devant recevoir une greffe de foie et qui ont donc également reçu une perfusion de cellules immunitaires de leur donneur. Ce groupe de participants a été comparé à 40 patients recevant également une greffe de foie de donneur vivant, mais n’ayant pas reçu la perfusion. L'objectif principal de l'essai était de déterminer la faisabilité et la sécurité d’une telle perfusion.

 

Le protocole : plusieurs semaines avant l'opération, l'équipe de recherche a ainsi prélevé du sang des donneurs, a séparé les monocytes, un type de globules blancs. Ces monocytes ont ensuite été stimulés pour fabriquer des cellules dendritiques régulatrices (DCregs) – un type de cellule immunitaire qui aide le reste du système immunitaire à distinguer les envahisseurs étrangers qui doivent être éliminés, des parties du corps qui doivent être épargnées. Une semaine avant la greffe, les DCregs nouvellement fabriqués ont été perfusés aux patients receveurs. La greffe s'est ensuite déroulée normalement et les patients ont reçu des médicaments immunosuppresseurs, comme ils l'auraient fait s'ils n'avaient pas reçu la perfusion de cellules immunitaires. L’étude montre que :

 

  • 1 an après la greffe, les patients ayant reçu la perfusion de DCreg présentent également une réduction d’autres cellules immunitaires qui signaleraient, autrement, une réaction négative au foie greffé ;
  • dans les études animales, cette réduction a permis de sevrer les animaux des immunosuppresseurs.
  • les cellules DCregs transplantées n’ont persisté chez les patients receveurs que quelques jours. Mais ce temps leur a suffis à produire de minuscules particules appelées exosomes qui permettent aux cellules de communiquer et à développer de nouveaux comportements cellulaires, notamment à considérer les cellules du donneur comme sûres.

 

Il reste maintenant à valider totalement l’approche chez l’Homme, et à attendre l’échéance d’1 an après la greffe, date à laquelle les cliniciens détermineront quels patients peuvent réduire progressivement leurs immunosuppresseurs. Ensuite, le temps dira si cette approche fonctionne.