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GRIPPE : Sérieuse avancée vers le vaccin universel

Actualité publiée il y a 6 années 3 mois 6 jours
Nature Communications
Ce vaccin à ARN modifié déclenche une forte réponse en anticorps en réponse à une structure située à la surface des virus grippaux.

Ce principe du vaccin universel contre la grippe est-il une chimère ? Alors que de nombreuses équipes travaillent au développement d’un vaccin efficace contre toutes les souches grippales possibles ou presque, cette équipe de l'Université de Pennsylvanie nous propose ici, dans la revue Nature Communications, un vaccin à ARN modifié qui déclenche une forte réponse en anticorps en réponse à une structure située à la surface des virus grippaux. Ce candidat apporte ici chez la souris, une bonne protection contre l'infection par différentes souches virales. C’est un pas de plus vers la réalité de ce vaccin tant attendu.

 

Cette structure commune à la surface de différents virus, qui déclenche la réponse immunitaire, est la tige de l'hémagglutinine (HA). Le candidat aurait ainsi le potentiel de devenir un vaccin universel contre la grippe, qui, contrairement aux vaccins contre la grippe saisonnière actuels, pourrait être administré plusieurs fois au cours de la vie pour offrir une protection continue, quelle que soit la configuration des virus saisonniers. « Si notre candidat fonctionne chez l'homme même à moitié aussi bien que chez la souris, alors le vaccin pourrait être adopté en vaccination générale », explique le Dr Scott Hensley, co-auteur et professeur agrégé de microbiologie.

 

Pourquoi les vaccins doivent être « mis à jour » chaque année : les vaccins viraux modernes utilisent généralement des protéines virales cultivées en laboratoire pour déclencher une réponse immunitaire qui protège contre les futures expositions à un virus donné. Dans l'ensemble, cette approche n'a pas bien fonctionné contre les virus de la grippe. Les particules du virus de la grippe sont parsemées, telles des champignons, de protéines HA, que les vaccins contre la grippe saisonnière utilisent pour provoquer des réponses anticorps. Le problème est que ces réponses en anticorps sont presque entièrement dirigées contre la région "principale" la plus externe de la protéine HA, qui a tendance à muter rapidement. De plus, les souches de grippe qui prévalent au cours d'une saison grippale sont souvent remplacées par d'autres souches présentant des structures différentes lors de la saison grippale suivante. En conséquence, les vaccins contre la grippe saisonnière offrent une protection incomplète et temporaire contre la grippe. C'est pourquoi ils doivent être mis à jour chaque année.

 

Imiter l’infection grippale, mais au sein de la machinerie cellulaire : le vaccin candidat de la Penn n'utilise pas, pour provoquer une réponse en anticorps, les protéines HA grippales mais les molécules d'ARNm qui codent pour les protéines HA. Une fois injectés au receveur, ces ARNs sont absorbés par les cellules dendritiques du système immunitaire et traduits en copies de la protéine HA par la machinerie de production de protéines dans ces cellules. Cette production cellulaire de protéines virales imite une véritable infection grippale et provoque une réponse très puissante en anticorps protecteurs.

 

Une réponse immunitaire de grande ampleur : la réponse comprend des anticorps contre la tige de HA, une cible privilégiée pour les vaccins universels contre la grippe car elle ne varie pas d’un sous-type de grippe à l’autre. L'équipe observe chez la souris, que cette réponse puissante en anticorps au vaccin persiste pendant les 30 semaines de suivi de l'expérience. À la fin de cette période, les réponses anti-tige étaient encore plus fortes qu’à 4 semaines après la vaccination. L’expérience, répétée chez le furet et le lapin, aboutit à ces mêmes résultats positifs.

 

Alors bientôt des essais chez l’Homme ? C’est la perspective à deux ans de ces chercheurs qui rappellent les promesses déjà démontrées de la technologie du vaccin basé sur les ARNm. Dans ces différents candidats vaccins, les molécules d'ARNm utilisées sont modifiées afin ne pas être reconnues par les cellules comme des ARN étrangers, ce qui entraverait l'efficacité du vaccin. Les ARNm modifiés sont également encapsulés dans de minuscules sphères lipidiques appelées nanoparticules lipidiques, ce qui les aide à se déplacer vers les cellules cibles après leur injection.

 

Combiner cette approche vaccinale avec les nouveaux antigènes de la tige, pourrait conduire probablement à un très bon vaccin universel.