HÔPITAL : Effectifs et formation des infirmiers, 2 facteurs cruciaux de survie des patients
Cette étude montre à quel point la formation des infirmières et leur effectif ont un impact crucial sur les résultats des patients, et précisément leur risque de décès. Avec la « pénurie » d’infirmier(s), le nombre de professionnel(le)s ayant au moins 3 ans de formation, en proportion de l'ensemble du personnel infirmier ou en fonction du nombre de patients « à gérer » décroît. Or du personnel non ou moins bien formé, c’est clairement une baisse dans la qualité des soins et un risque de décès accru. Cette étude a précisément mesuré ces effets et rappelle, dans le BMJ Quality and Safety, que « certaines initiatives politiques devraient être prises avec prudence en raison des conséquences parfois mortelles pour les patients ».
Il s'agit ici d'un consortium de chercheurs de l'Université de Pennsylvanie, de l'Université de Southampton, du Kings College de Londres, de l'Université de Louvain (Belgique), de la Technische Universitat Berlin, de l'Institut de Santé Carlos III (Espagne) et de l'Institut des sciences infirmières (Bâle). Car l'objectif était de regarder la composition des personnels hospitaliers en Europe. L'étude qui a porté précisément sur 243 hôpitaux en Europe et sur la période 2009-2010, montre déjà une diversité de niveaux de formation entre les différents pays : Ainsi en Allemagne, 82% des infirmières ont bien suivi au moins 3 années de formation, au Royaume-Uni, ce n'est le cas que de 57% des infirmières. Au final, les chercheurs estiment que chaque augmentation de 10% en proportion d'infirmières qualifiées, sur l'ensemble des personnels paramédicaux, permet une réduction de 11% du risque de décès pour les patients, après une chirurgie.
Ainsi, les patients voient leur risque de décès augmenter jusqu'à 20% dans certains services ou établissements où les infirmières dûment qualifiées ont été remplacées par du personnel non formé. Les services et établissements qui comptent plus d'infirmières professionnelles (vs aides-soignant(e)s accusent des taux de mortalité plus faibles après une intervention. Les chercheurs ont interrogé 13.077 infirmières et 18.828 patients, et ont examiné les données de sortie de 275.519 patients post-chirurgie. Les patients et les infirmières ont été interrogés sur la qualité des soins et les infirmières sur la sécurité des soins. Les chercheurs ont pris en compte les personnels infirmiers qualifiés et moins qualifiés puis analysé toutes ces données pour voir si la composition du personnel paramédical dans les hôpitaux avait un impact sur la mortalité des patients (dans les 30 jours) ayant subi une intervention chirurgicale. Les facteurs de confusion possibles (âge et sexe du patient, admission en urgence ou planifiée, type de chirurgie, comorbidités, personnel infirmier total pour l'hôpital, taille de l'hôpital,…)
Les résultats sont frappants :
· Le personnel moyen est de 6 soignants pour 25 patients, dont 4 infirmières professionnelles.
· Cette proportion varie considérablement d'un pays à l'autre,
· 1,3 décès en moyenne sont constatés pour 100 sorties d'hospitalisation après chirurgie.
· Pour chaque remplacement d'1 infirmière professionnelle par une aide-soignante pour 25 patients, le risque de décès s'accroît de 21%,
· une augmentation de 10 % de la proportion d'infirmières professionnelles réduit de 11% le risque de décès chez ces patients,
· une augmentation de 10% de la proportion d'infirmières professionnelles réduit de 10% la probabilité que les patients accordent une « mauvaise note » à l'hôpital,
· une augmentation de 10% de la proportion d'infirmières professionnelles augmente de 15% la probabilité que les infirmières jugent le niveau de sécurité satisfaisant à l'hôpital.
Reste à bien prendre en compte les types de formation des aides-soignants selon les différents pays, ainsi que les effectifs des médecins, avant de pouvoir tirer des conclusions définitives. Cependant, ces données montrent à quel point il est vital, de maintenir des effectifs infirmiers suffisants, en particulier ici, en cas de chirurgie.
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