HÔPITAL et BURN OUT des médecins: 9 stratégies pour promouvoir le bien-être
Les équipes de la Mayo Clinic nous livrent 2 études dans les Mayo Clinic Proceedings. Un état des lieux de la prévalence de l'épuisement professionnel des médecins et de son augmentation continue depuis plus d'une décennie. Ils proposent aussi, aux établissements et organisations de santé, 9 stratégies ou principes qui peuvent contribuer à inverser la tendance et limiter les risques pour les personnels comme pour les patients.
La pénurie de médecins est un facteur majeur de burn out, chez les médecins et autres personnels de santé et aux Etats-Unis, elle se chiffre à un déficit de 45.000 à 90.000 médecins d'ici 2025, avec des pénuries plus aiguës en soins primaires et en chirurgie générale.
Le burn out mène à la réduction de la pratique professionnelle : Les chercheurs rappellent que si la pénurie est facteur d'épuisement professionnel, l'épuisement professionnel a lui-même été documenté comme un facteur de pénurie, ou plus précisément de réduction de la pratique professionnelle. La première étude confirme ainsi qu'un niveau élevé d'épuisement émotionnel est associé à une probabilité accrue que les médecins réduisent leur effort professionnel : Plus précisément, chaque augmentation de 1 point de l'épuisement émotionnel (sur une échelle de 6 points) est associée à une probabilité accrue de 43% d'une baisse de l'effort professionnel au cours des 2 années qui suivent, et après ajustement pour l'âge, le sexe et la spécialité.
Réduire ses heures de travail réduit le burn out en général : La prévalence de l'épuisement augmente, du moins ici chez les médecins des États-Unis : ainsi ce même score est passé de 3,42 en 2011 à 3,83 en 2014. A la Mayo Clinic, les médecins sont évalués tous les 12 à 24 mois, ce qui a permis l'analyse de l'évolution des scores de burnout (chez les médecins qui ont oui ou non réduit leur effort professionnel). Parmi les 2.231 médecins de la clinique Mayo -dont 65,4% ont participé à l'étude), l'analyse constate que les scores moyens d'épuisement émotionnel et de dépersonnalisation se sont bien améliorés, en moyenne, chez les médecins (50%) qui ont réduit leur effort au travail, ces mêmes scores se sont aggravés chez ceux (13%) qui n'ont pas réduit leur rythme professionnel. Des résultats similaires sont obtenus en liaison avec les scores de burnout. Ces données suggèrent que la réduction des heures de travail est une stratégie individuelle efficace pour réduire l'épuisement professionnel pour de nombreux médecins.
En résumé, l'augmentation du burnout observée chez les médecins américains entre 2011 et 2014 s'est probablement traduite par une réduction d'environ 1% de l'effort professionnel, une perte à peu près équivalente à l'élimination d'une promotion dans 7 universités. D'autres répercussions possibles de l'épuisement professionnel sur les médecins sont également constatées comme le départ en retraite anticipé ou le changement de profession pour poursuivre une carrière non médicale. Encore une fois, si réduire l'effort de travail semble être une bonne stratégie au niveau individuel, cette approche vient aggraver la pénurie de personnels médicaux.
Peut-on inverser la tendance ? C'est le défi lancé par la seconde étude, avec l'objectif, bien évidemment de prévenir les effets de l'épuisement professionnel des médecins, et d'optimiser la performance clinique, éviter les erreurs médicales et de maintenir la qualité des soins. Pour le médecin aussi, l'épuisement peut entraîner des problèmes relationnels et familiaux, la dépression, l'alcoolisme ou d'autres comportements à risque. Dans tous les pays, le contexte est tendu, les systèmes de santé connaissent tous des réorganisations sans précédent.
On sait que l'engagement et l'autocontrôle de son travail est l'antithèse positive de l'épuisement professionnel. Les établissements doivent donc investir dans des interventions permettant réduire l'épuisement des médecins en favorisant l'engagement. Les chercheurs proposent 9 stratégies organisationnelles allant dans ce sens -et décrivent leur mise en œuvre à la clinique Mayo. En bref,
Il s'avère possible de lutter contre le burnout par:
1. la reconnaissance et l'évaluation des problèmes,
2. l'identification et la reconnaissance des comportements des leaders de nature à augmenter ou diminuer l'épuisement de leurs staffs,
3. l'adoption d'une approche systémique pour développer des interventions ciblées pour améliorer l'efficacité et réduire « l'administratif »,
4. la collaboration et l'esprit d'équipe (voire communautaire) au travail,
5. le recours aux incitations (objectifs) et gratifications,
6. l'évaluation des actions en regard des valeurs et de la mission de l'organisation,
7. la mise en œuvre de pratiques et de politiques organisationnelles favorisant la flexibilité et l'équilibre entre vie privée et vie professionnelle,
8. la disponibilité de ressources suffisantes permettant de promouvoir l'autogestion des personnels de santé,
9. l'analyse organisationnelle ou l'étude des facteurs dans l'organisation qui contribuent aux problèmes et les investissements nécessaires pour mettre en œuvre les solutions.
L'article détaille comment ces stratégies ont été mises en œuvre à la clinique Mayo et leurs effets positifs sur l'épuisement des médecins. « Des efforts délibérés, soutenus et complets de l'organisation pour réduire l'épuisement professionnel et promouvoir l'engagement peuvent faire la différence », concluent les auteurs.
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