HYPOCALCIFICATION DENTAIRE : « Dents crayeuses » chez l’enfant et exposition au BPA ?
Le symptôme des « dents crayeuses » est caractérisé par une hypominéralisation et un défaut du développement de l'émail dentaire. Il affecte au moins une des dents arrières définitives, parfois même les incisives. Il a été suggéré que ces défauts dentaires pourraient être attribuables à l’absorption de bisphénol A (BPA). Il se trouve de plus que le BPA peut également être présent dans les matériaux en contact avec les aliments et donc les dents. Les chercheurs citent une étude publiée en 2013 qui examine le lien entre l'exposition au BPA et les défauts de minéralisation de l'émail des dents, chez le rat. Puis d’autres études qui identifient des voies de signalisation des perturbations de la minéralisation, contrôlées par des hormones, cibles moléculaires du BPA, ou de nouvelles thérapies possibles.
L’épidémiologie et l’étiologie de cette condition dentaire restent peu précises : certaines études ont estimé l’incidence de cette hypominéralisation dentaire entre 3 et 22% en Europe et sa prévalence mondiale entre 2-40%. De multiples facteurs ont été évoqués dans les études : certaines maladies maternelles au cours du dernier trimestre de la grossesse, des complications à la naissance ou des maladies fréquentes au cours de la première année du nouveau-né, de trop faibles taux sanguins de vitamine D ainsi que la prise précoce de l'antibiotique amoxicilline. D'autres études rapportent un lien possible avec une exposition accrue à la dioxine...
Aucune preuve scientifique d’un lien avec une exposition au BPA : l’Institut fédéral allemand pour l’évaluation des risques (BfR) a réévalué l’étude de 2013 et conclut qu’il n’existe actuellement aucune raison scientifique de supposer un lien entre l’absorption de BPA et la survenue de cette fragilité dentaire chez l’enfant. Et cela pour 2 raisons principales, le niveau d’exposition au BPA « dans la vraie vie » et le comportement toxicocinétique du bisphénol A chez les humains :
- Selon de nouvelles données, en provenance des Pays-Bas, l’absorption orale du BPA chez les enfants hautement exposés s’élève à 0,14 microgramme (μg) par kilogramme (kg) de poids corporel et par jour. C'est 35 fois moins que la dose utilisée par les chercheurs, en 2013.
- De plus l’examen du comportement toxicocinétique du BPA chez les humains rend peu probable un lien direct entre le BPA et les dents « crayeuses » chez l’enfant.
- Enfin, l’analyse des autres études sur le sujet aboutit à des résultats mitigés.
En fin de compte, il semble que la condition soit causée par différents facteurs et « doive donc être considérée comme une condition multifactorielle » (Schneider et Silva, 2018).