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IMMUNITÉ : Le test sanguin qui prédit la durée d'un vaccin

Actualité publiée il y a 7 heures 56 min 19 sec
Nature Immunology
Ces immunologues présentent une signature moléculaire et un test sanguin, qui le permettent, et plus largement jettent les bases d’une réponse vaccinale plus durable (Visuel Adobe Stock 171229859).

La durée d'immunité vaccinale varie selon le vaccin et la personne vaccinée. Connaître la durée de protection vaccinale est un critère crucial en santé publique. Cette équipe de la Stanford Medicine propose de pouvoir l’estimer pour chaque sujet vacciné. Ces immunologues présentent dans la revue Nature Immunology une signature moléculaire et un test sanguin, qui le permettent, et plus largement jettent les bases d’une réponse vaccinale plus durable.

 

En pratique, lorsque les enfants reçoivent leur 2è rappel de vaccination contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR), à peu près au moment de leur entrée à la maternelle, ils bénéficient d'une protection contre les 3 virus pendant toute leur vie ou la majeure partie de leur vie. E revanche, l'efficacité d'un vaccin contre la grippe administré en octobre diminue en moyenne au printemps qui suit, et avec des différences selon les individus.

 

Les scientifiques se demandent depuis longtemps pourquoi certains vaccins peuvent inciter l'organisme à produire des anticorps pendant des décennies, tandis que d'autres ne durent que quelques mois. Cette nouvelle révèle que la variation de la durabilité des vaccins peut, en partie, être imputée à un type surprenant de cellules sanguines appelées mégacaryocytes, généralement impliquées dans la coagulation sanguine.

 

L’auteur principal, le Dr Bali Pulendran, professeur de microbiologie et d’immunologie à Stanford ajoute : « La question de savoir pourquoi certains vaccins induisent une immunité durable alors que d’autres n’ont pas cette durabilité, est l’un des grands mystères de l’immunologie. Nos travaux identifient une signature moléculaire dans le sang, induite quelques jours après la vaccination, qui prédit la durabilité de la réponse vaccinale et apporte aussi une nouvelle compréhension des mécanismes fondamentaux sous-jacents à la durabilité des vaccins ».

Une signature moléculaire dans le sang qui prédit la durabilité de la réponse vaccinale

Une précédente recherche de la même équipe avait déjà identifié une « signature universelle » pouvant prédire une réponse anticorps précoce à de nombreux vaccins.

 

L’étude s’est d’abord concentrée sur un vaccin expérimental contre la grippe aviaire H5N1 administré avec un adjuvant – un cocktail permettant de renforcer la réponse immunitaire à un antigène mais qui, à lui seul, n’induit pas de réponse immunitaire-. L’étude a suivi 50 participants en bonne santé qui ont reçu soit 2 doses du vaccin contre la grippe aviaire avec l’adjuvant, soit 2 doses sans adjuvant. Des prélèvements sanguins ont été effectués chez les participants, à une douzaine de reprises, au cours des 100 premiers jours suivant la vaccination. L’équipe a également développé un programme d’apprentissage automatique (IA) pour identifier des modèles « d’immunité ». L’analyse révèle :

 

  • une signature moléculaire dans le sang dans les jours suivant la vaccination, associée à la puissance de la réponse des anticorps des mois après la vaccination ;
  • la signature s’exprime principalement dans de minuscules morceaux d’ARN dans les plaquettes – de petites cellules qui forment des caillots dans le sang ;
  • or, les plaquettes sont dérivées des mégacaryocytes, des cellules présentes dans la moelle osseuse. Lorsqu’elles se détachent des mégacaryocytes et pénètrent dans la circulation sanguine, les plaquettes emportent souvent avec elles de petits morceaux d’ARN des mégacaryocytes ;
  • ainsi, les plaquettes constituent un indicateur de ce qui se passe avec les mégacaryocytes dans la moelle osseuse et de l’immunité induite par la vaccination.

 

La preuve de ce concept de signature moléculaire portée par les mégacaryocytes est apportée chez des souris modèles, vaccinées avec le vaccin contre la grippe aviaire et de la thrombopoïétine, un médicament qui augmente le nombre de mégacaryocytes activés dans la moelle osseuse :

 

  • les mégacaryocytes activés produisent des molécules clés qui augmentent la survie des cellules de la moelle osseuse responsables de la fabrication des anticorps, ou cellules plasmatiques ;

 

En conclusion, les mégacaryocytes apportent un environnement nourricier et propice à la survie des cellules plasmatiques dans la moelle osseuse.

 

Ce résultat vaut également pour d’autres types de vaccins : l’analyse des données de réponses vaccinales (anticorps) de 244 participants, ayant reçu 7 vaccins différents, dont le vaccin contre la grippe saisonnière, la fièvre jaune, le paludisme et la COVID-19, révèle que les mêmes molécules d’ARN plaquettaire – signes d’activation des mégacaryocytes – sont associées à une production d’anticorps plus durable pour les différents vaccins.

La signature moléculaire pourrait ainsi prédire quels vaccins durent plus longtemps et identifier les receveurs développant une réponse plus durable.

Vers une vaccination personnalisée ? L’objectif est aujourd’hui de développer des tests pour déterminer, en utilisant la nouvelle signature moléculaire, la durée de vie probable d’un vaccin. Cela permettrait non seulement d’accélérer les essais cliniques de vaccins mais de développer à terme des plans de vaccination personnalisés.