INCONTINENCE URINAIRE : Chez un proche à domicile, comment mieux la gérer ?
La prévalence de l’incontinence urinaire est très élevée chez les personnes âgées puisqu’elle touche 10 % des personnes âgées de 70 à 75 ans et 25 % des plus de 85 ans vivant à domicile. Les fuites urinaires sont également à l’origine de problèmes d’hygiène, de troubles cutanés, mais aussi de restriction des activités sociales et d'isolement, et finalement un facteur de perte d'autonomie et d’institutionnalisation. Si l'incontinence reste un sujet tabou, elle n’est pourtant pas une fatalité : de nombreuses solutions adaptées existent, pour préserver au mieux la continence, pour limiter la progression vers l’incontinence et favoriser le confort et la qualité de vie du patient plus âgé. Enfin, l'aidant ou le soignant à domicile dispose de multiples signes cliniques -comme l'humeur par exemple- pour repérer, détecter et évaluer la condition chez le patient ou le proche âgé.
Pourquoi les personnes âgées sont-elles plus concernées par les problèmes d’incontinence urinaire ?
Le vieillissement ainsi que la dépendance physique et mentale sont les principaux facteurs qui favorisent la survenue de fuites urinaires.
En effet, la continence et le bon contrôle mictionnel nécessitent un système nerveux en bon état, une vessie capable de se relâcher pendant le remplissage et de se contracter pendant la miction, un sphincter efficient ainsi qu’un périnée assurant correctement sa fonction de soutien musculo-ligamentaire.
Cependant, avec l’âge, le système nerveux végétatif qui contrôle la vessie se détériore, ce qui peut provoquer des contractions accidentelles des muscles vésicaux (contractions non inhibées du détrusor dans l’urgenturie). La vessie est alors envahie par les fibres de collagène en remplacement des fibres musculaires lisses, et sa capacité fonctionnelle de réservoir décline...
Chez la femme ménopausée, la carence en œstrogènes entraîne un relâchement du périnée par dévascularisation, atrophie génito-urinaire. Le sphincter urétral n’est alors plus à même d’assurer son rôle de verrou.
Chez l’homme, le volume de la prostate augmente ce qui empêche la vidange complète de la vessie par syndrome obstructif. Les reins ne parviennent plus à concentrer l’urine durant la nuit par retard à l’excrétion de l’hormone anti-diurétique entrainant une nycturie… Autant de facteurs qui favorisent l’apparition ou le développement de l’incontinence urinaire…
Continence, humeur et qualité de vie
Pourquoi doit-on repérer les changements d’humeur chez la personne âgée ?
L’incontinence urinaire peut modifier considérablement le comportement d’une personne, favoriser le développement de la démence, le syndrome dépressif, la souffrance psychique et physique.
Les relations entre l’entourage proche, l'aidant et la personne âgée incontinente peuvent se compliquer gravement si ces symptômes ne sont pas identifiés…Avec des conséquences sévères comme la dépendance, la perte d'autonomie, l'institutionnalisation voire le décès de la personne âgée incontinente…
D’autres facteurs sont susceptibles d’influer sur le comportement de la personne âgée : un déménagement, le décès d’un proche, la perte d’un animal de compagnie, un éloignement géographique des membres de la famille, un nouveau traitement médicamenteux.
La simple absence de l’aidant suffit parfois à déclencher des troubles de l’humeur.
Enfin, notons qu'un mauvais choix de protections urinaires ou des soins inadéquats ou douloureux suffisent à induire chez la personne âgée incontinente, une modification du comportement et de l'humeur.
Comment s'expriment ces troubles de l’humeur chez la personne âgée incontinente ?
Ces troubles de l’humeur se manifestent généralement par un repli sur soi, par de l’agressivité et peuvent aller, dans certains cas, jusqu’à l’automutilation. Ces troubles apparaissent de manière plus aiguë lorsque la personne incontinente éprouve des difficultés à s’exprimer sur sa situation et sa détesse émotionnelle, à formuler un besoin ou simplement lorsqu’elle se sent gênée ou lorsque sa qualité de vie est fortement impactée. Son agressivité ou d'autres troubles du comportement expriment son besoin de reprendre le contrôle de la situation et de réduire son sentiment de dépendance.
La personne aidée incontinente peut aller jusqu’à refuser de s’alimenter.
Il est donc très important pour l’aidant familial de déceler au plus tôt l’origine des troubles de l’humeur, dont le développement d'une incontinence, chez une personne en situation de dépendance, notamment en cas de modification brutale du comportement.
Comment mieux communiquer avec la personne aidée ?
L’agressivité de la personne âgée en situation de dépendance impacte les relations familiales et rend le rôle de l’aidant plus difficile. Il devient alors essentiel de :
- communiquer avec la personne aidée, notamment sur des sujets très sensibles comme l’incontinence urinaire ;
- privilégier les échanges verbaux, même si la personne éprouve des difficultés à se faire comprendre ;
- écouter : l'écoute aide à mieux gérer les troubles de l’humeur. Elle permet de déceler les difficultés inavouées, les souffrances physiques ou psychiques…
- comprendre que devoir cesser certaines activités, évoluer vers la dépendance ou vers l'incontinence sont autant de facteurs qui favorisent le retrait social, le repli sur soi, la perte d'estime et de sa dignité ;
- anticiper les besoins de la personne dépendante permet de limiter la fréquence des épisodes d’agressivité ;
- associer la personne aidée à un projet familial permet aussi de la revaloriser et de lui redonner une estime de soi ;
- l'encourager, plus largement, à interagir avec des pairs ou ses proches permet de limiter l’isolement, de préserver l'autonomie et la qualité de vie.
Demander de l’aide au médecin généraliste, à un gériatre ou à un psychologue est souvent très utile.
Une fois renseigné sur les modifications du comportement et les facteurs déclenchants, le professionnel de santé sera alors à même d’identifier leur origine et de proposer des solutions les plus adaptées.
Comment traiter l'incontinence urinaire à domicile ?
Une fois détectée et diagnostiquée, l'incontinence implique et concerne l’ensemble des professionnels qui interviennent autour du patient âgé, médecin, soignant, aidant.
La prise en charge de l'incontinence suppose de tous :
- une grande disponibilité et une bonne connaissance des capacités de la personne ;
- un repérage des lieux avec signalisation si possible des toilettes ;
- des moyens d’appel accessibles pour la personne âgée en perte d’autonomie physique ou mentale ;
- une gestion planifiée des boissons : si l'apport journalier ne doit pas, de préférence être réduit, les boissons doivent être prises de préférence en début de journée, afin d’éviter la nycturie ou risque de fuites urinaires nocturnes ;
- un usage raisonné des médicaments : le médecin doit se rendre compte que la polymédication, liée aux différentes comorbidités du patient (polypathologie fréquente) risque de précipiter son patient dans la iatrogénie médicamenteuse et provoquer des fuites urinaires iatrogènes ;
- ainsi, le traitement anticholinergique efficace contre l'incontinence par impériosité devra être évité en cas de troubles cognitifs ;
- une rééducation périnéale pourra également être entreprises, par les personnes âgées ambulatoires et très motivées.
Les traitements palliatifs : si les sondages intermittents sont parfois réalisés en cas de rétention urinaire, il est conseillé d’éviter un sondage à demeure, fréquemment pourvoyeur d’infections urinaires et/ou de pyélonéphrites.
C'est pourquoi, dans la plupart des cas, on s'orientera plutôt vers l'utilisation bienvenue de protections, qui permettent de rétablir un bon niveau de bien-être et de qualité de vie chez la personne aidée.
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