INFECTION VIRALE RESPIRATOIRE : La traiter par immunothérapie aussi ?
Cette équipe de l’University of Central Florida, soutenue par le National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID) décrit ici un nouveau traitement d'immunothérapie qui cible les infections virales respiratoires. Son principe exploite, de manière contrôlée et ciblée, des protéines liées au système immunitaire appelées cytokines, pour combattre les infections et favoriser la récupération.
Cette nouvelle stratégie thérapeutique promet de mieux lutter contre les infections virales respiratoires aiguës comme la grippe, la pneumonie, le virus respiratoire syncytial (RSV) et le coronavirus. Ces virus causent chaque année des millions d’infections dans le monde, la grippe étant à elle seule responsable de 3 à 5 millions de cas sévères et jusqu'à 650.000 décès chaque année, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Le nouveau traitement exploite les cytokines sans pour autant interférer avec les réponses immunitaires antivirales naturelles, explique l’un des auteurs principaux, le Dr Tara Strutt, professeur à la Burnett School of Biomedical Sciences de l'UCF.
Le Dr Strutt est immunologiste cellulaire. À l'UCF, le chercheur étudie les lymphocytes T CD4 et leur fonction de protection contre les virus respiratoires, y compris le virus de la grippe A. La chercheuse et son équipe explorent également le fonctionnement des réponses des lymphocytes T mémoire pendant la grossesse, car les femmes enceintes encourent un risque plus élevé de complications graves associées à une infection par virus de la grippe A.
Les lymphocytes T CD4 sont les chefs d’orchestre de la réponse immunitaire
Les cytokines peuvent exercer un rôle positif, comme négatif. Par exemple, lors d'infections graves, une réponse immunitaire hyperactive peut déclencher une tempête de cytokines, une condition dans laquelle la production excessive de cytokines entraîne une inflammation incontrôlée qui peut être mortelle. Cette hyperinflammation peut en effet causer des lésions tissulaires et une défaillance des organes.
La cytokine exploitée ici par l’équipe, est l'interleukine-2 (IL-2) et est actuellement approuvée pour l'immunothérapie contre le cancer. L'un des défis de la thérapie à base d'IL-2, cependant, réside dans les nombreux effets secondaires et hors cible qui peuvent entraîner des dommages aux organes et aux tissus. Pour surmonter ces défis, le nouveau traitement d'immunothérapie combine l'IL-2 à un anticorps monoclonal spécifique de l'IL-2 pour former un complexe d'anticorps IL-2, ou IL-2 ciblée. L'IL-2 ciblée peut induire à la fois des réponses anti-inflammatoires et pro-inflammatoires. En modulant la réponse inflammatoire, d'autres complications telles que les tempêtes de cytokines peuvent être évitées et il devient possible d’améliorer les résultats cliniques.
Une première preuve de concept chez l’animal : des tests menés ici chez l’animal, modèle d’infection respiratoire et notamment d’infection grippale, montrent que :
- l’administration de l'IL-2 ciblée permet une amélioration de la fonction respiratoire et une réduction de l'inflammation des voies respiratoires, pendant l'infection ;
- l'IL-2 ciblée favorise une réponse inflammatoire antivirale et réduit aussi pratiquement à néant, l'inflammation bronchique ;
- enfin, l'IL-2 ciblée exerce un rôle bénéfique dans la formation de lymphocytes T CD4 mémoire. Des lymphocytes T CD4 qui vont jouer leur rôle de protection contre les agents pathogènes, précédemment rencontrés par infection ou vaccination. Avec le potentiel d'améliorer les réponses immunitaires stimulées par les vaccins ;
- ainsi, les T CD4, des cellules T auxiliaires produisent et sécrètent des cytokines spécifiques qui agissent comme des messagers du système immunitaire. Au cours d'une infection par le virus de la grippe A, des sous-ensembles de lymphocytes T CD4 sont activés et produisent de l'IL-2, un puissant facteur de croissance des lymphocytes T aux effets à la fois pro-inflammatoires et anti-inflammatoires.
Ainsi, peu à peu, l’immunothérapie qui consiste à booster nos réponses immunitaires, trouve de nouvelles applications bien au-delà des cancers.