INFECTIONS NOSOCOMIALES et ANTIBIORÉSISTANCE : Quand les bactéries se partagent des gènes mortels
Ces gènes de résistance aux médicaments partagés entre les bactéries dans les hôpitaux peuvent être mortels, révèle cette recherche de l’Université du Kentucky menée lors d’une épidémie d'entérobactéries résistantes aux carbapénèmes (CRE : carbapénèmes enterobacteriaceae). Les chercheurs montrent que certains gènes de résistance sont partagés entre bactéries non apparentées via des plasmides et d'autres éléments génétiques mobiles. Ces travaux soutenus par les CDC et présentés à l'ASM Microbe, la réunion annuelle de l'American Society for Microbiology (Atlanta, en Géorgie) vont inciter les hygiénistes à mieux surveiller les zones où le partage des plasmides est susceptible de se produire dans l'environnement des soins de santé, comme dans les éviers et les cathéters.
En 2017, 18 patients d'un hôpital de soins primaires sont atteints de CRE, une famille de bactéries responsables de plus de 9.000 infections nosocomiales (IAS) par an aux États-Unis. Les carbapénèmes sont souvent utilisés comme options de traitement de dernière ligne, réservées aux patients les plus atteints ; Ces bactéries résistantes à ces médicaments représentent donc une menace élevée. Les éclosions d'infections à CRE sont souvent causées par des bactéries étroitement apparentées qui se propagent d’un patient à l’autre ou à partir d'une source commune, telle qu'un dispositif médical contaminé, comme un cathéter par ex. Dans de tels cas, les efforts de lutte contre l'infection visent à éliminer la transmission d'une seule souche de bactéries. Lors de cette épidémie, cependant, plusieurs types de CRE infectaient des patients, et le séquençage du génome entier a révélé que l'épidémie était « boostée » par des gènes de résistance au carbapénème partagés par des bactéries non apparentées.
Ces travaux révèlent comment les gènes de résistance aux médicaments peuvent être partagés entre des bactéries non apparentées qui coexistent dans la communauté microbienne environnant le patient. Ainsi, les bactéries impliquées dans cette épidémie comprenaient Klebsiella pneumonia et Escherichia coli, 2 espèces bactériennes responsables d’infections nosocomiales, pouvant notamment entraîner la pneumonie, les infections sanguines, des infections du site opératoire et la méningite. Le traitement des infections était compliqué par la présence de gènes de carbapénémases dans la bactérie, dont 2 variantes majeures du gène Klebsiella pneumonia carbapenemase (KPC) (KPC-2 et KPC-3).
Un plasmide fait de la résistance : Les souches bactériennes présentant le gène KPC-2 étaient clairement non apparentées mais portaient toutes le même plasmide de résistance aux médicaments. De même, les souches avec le gène KPC-3 étaient assez différentes mais partageaient toutes un plasmide, commun parmi les souches KPC-3 mais différent des souches KPC-2.
Aujourd’hui, dans l’établissement, les investigations sur une IAS incluent non seulement l’espèce bactérienne en cause, mais aussi les plasmides propageant la résistance aux médicaments sur plusieurs types de bactéries, expliquent les chercheurs. Les efforts de lutte contre l'infection se concentrent également sur les zones où le partage des plasmides est susceptible de se produire dans l'environnement de soins de santé.