INFERTILITÉ : Des protéines suspectes dans le tractus urogénital
Cette équipe de biologistes de l’University of Maryland School of Medicine (UMSOM) identifie des protéines bactériennes présentes dans le tractus urogénital qui pourraient réduire la fertilité et entraîner des malformations chez le bébé. Ces travaux, publiés dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine, entraînent des implications importantes pour l'obstétrique, la médecine reproductive ainsi que pour le diagnostic et la prévention des anomalies congénitales et des cancers.
Au-delà du rôle clé de la protéine bactérienne identifiée, l’étude révèle plus largement le rôle crucial du microbiote des voies urinaires et génitales dans les résultats défavorables de grossesse. Précisément, l’étude établit un nouveau lien entre l'instabilité génomique et une protéine de Mycoplasma fermentans, une bactérie qui colonise couramment le tractus urogénital. Cette protéine bactérienne, DnaK, semble également réduire la fertilité -ici chez la souris modèle- et entraîner davantage de malformations congénitales chez les nouveau-nés.
Les auteurs principaux, le Dr Davide Zella, professeur de biochimie et de biologie moléculaire à l'UMSOM et le Dr Robert Gallo, professeur de médecine soulignent en effet le lien entre le microbiome urogénital et la santé reproductive : « les résultats élargissent non seulement notre compréhension de l'interaction entre le microbiote du tractus urogénital et la santé reproductive humaine, mais mettent également en lumière la contribution du microbiote humain aux anomalies génétiques »
Des implications pour la prévention et le traitement des anomalies chromosomiques et des maladies génétiques
Le microbiote humain est déjà bien connu pour affecter le métabolisme, la sensibilité aux maladies infectieuses, la régulation du système immunitaire, etc… L'un de ces composants bactériens, les mycoplasmes, a été associé à divers cancers.
Une protéine de Mycoplasma, DnaK : l'équipe de recherche se concentre ici sur une protéine Mycoplasma, DnaK, qui appartient à une famille de protéines qui protège d'autres protéines bactériennes contre les dommages, et aide à leur repliement viennent d’être fabriquées, agissant comme un soi-disant "chaperon". Cette protéine est protectrice pour les bactéries, mais ses effets sur les autres cellules sont moins favorables.
La même équipe avait déjà démontré que DnaK est captée par les cellules de l'organisme et interfère avec des protéines clés impliquées dans la préservation de l'intégrité de l'ADN et dans la prévention du cancer, comme la protéine suppresseur de tumeur p53.
L’étude est menée sur la souris,
- qui « exposée » à DnaK accumule une instabilité génomique dans laquelle des sections entières du génome sont dupliquées ou supprimées, ce qui induit un nombre variable de copies de certains gènes ;
- certaines de ces souris développent des problèmes de mouvement et de coordination ;
- elles présentent une délétion dans le gène Grid2, qui chez l'homme conduit à la maladie génétique rare connue sous le nom d'ataxie spinocérébelleuse ;
- plus d'un tiers des souris femelles qui ont fabriqué la protéine DnaK n'ont pas pu devenir gravides ;
- 20% de la progéniture de souris porteuses de la protéine DnaK présentent une malformation congénitale ;
- chez ces souris, l'instabilité génomique induite par un nombre accru de variations du nombre de copies explique la diminution de la fertilité et l'augmentation de l’incidence des malformations congénitales de la progéniture ;
Ainsi, cette étude confirme les conclusions de la précédente, sur le rôle perturbateur de DnaK sur la réparation appropriée de l'ADN endommagé.
Avec des implications en biologie cellulaire, dans les cancers et la reproduction.
Il reste à vérifier que DnaK peut interférer avec le développement du fœtus chez l'homme et si la neutralisation de la bactérie ou de cette protéine pourrait préserver la fertilité et prévenir certaines malformations congénitales.