INTOXICATION ALIMENTAIRE et ALZHEIMER : Et si l’entérobactérie faisait l’amyloïde ?
Quel mécanisme pourrait bien faire le lien entre une entérobactérie et la maladie d'Alzheimer ? Cette équipe de l'Université de la Saskatchewan (Canada)vient de découvrir que lorsque la bactérie Salmonelle s’agglomère en biofilm, une protéine spécifique du biofilm, « curli », de type amyloïde, déclenche une réponse auto-immune qui pourrait stimuler la formation de plaques amyloïdes caractéristiques de la maladie d'Alzheimer, de Parkinson et de la sclérose latérale amyotrophique (SLA). Une nouvelle hypothèse d’axe intestin-cerveau, développée dans la revue PLoS Pathogens.
La découverte de curli dans l'intestin -et ici dans l’intestin de souris infectées par Salmonella- pourrait expliquer un lien important entre l’infection bactérienne et le développement de ces maladies, écrivent les chercheurs de la Vaccine and Infectious Disease Organization-International Vaccine Centre (VIDO-InterVac) à l’University of Saskatchewan (USask) et de la Temple University (Philadelphie). Les curli sont un type spécial de protéines amyloïdes, du même type que celles associées aux maladies neurodégénératives.
Les curli, des protéines du biofilm intestinal « déclenchent » l'accumulation d'amyloïdes
On pensait auparavant que Salmonella ne formait que des biofilms dans l'environnement, sur les surfaces des aliments en particulier. Ces entérobactéries forment également des biofilms ou communautés denses qui leur permettent de mieux résister à des conditions difficiles, dont l’exposition aux antibiotiques ou aux désinfectants.
La détection de biofilms de Salmonelles dans les intestins, ici chez un modèle animal d’intoxication alimentaire humaine est une surprise. La recherche montre que ce biofilm produit une protéine appelée « curli » et qui s’avère liée à des résultats négatifs pour la santé : en effet, les curli sont un type de protéines amyloïdes similaires aux protéines caractéristiques des maladies neurodégénératives.
Curli pourrait « déclencher » l'accumulation d'amyloïdes : cette recherche est la première à documenter l’hypothèse qu'un pathogène d'origine alimentaire peut produire ce type de protéines dans l'intestin et peut-être stimuler ensuite la formation de plaques amyloïdes dans le cerveau ? Mais comment ? Chez la souris, des réactions auto-immunes sont déclenchées dans les six semaines suivant l'infection. Il reste à démontrer que ce processus se produit également chez l’Homme, et à regarder si d'autres agents pathogènes d'origine alimentaire liés à Salmonella peuvent provoquer des réactions auto-immunes similaires.
Selon ces scientifiques, ces agents pathogènes d'origine alimentaire pourraient initier ou aggraver l'auto-immunité et contribuer à des troubles amyloïdes tels que la maladie d'Alzheimer et la maladie de Parkinson.
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