IST et ANTIBIORÉSISTANCE : Neisseria gonorrhoeae fait de la multirésistance
L'augmentation de la résistance antimicrobienne aux médicaments utilisés pour traiter la gonorrhée atteint un stade critique, en particulier en regard de l’incidence mondiale de l’infection, soit environ 78 millions de nouveaux cas par an. C’est le groupe d’experts de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Global Antibiotics Research and Development Partnership (GARDP) qui alerte aujourd’hui, et à nouveau, sur l'émergence de la gonorrhée résistante aux médicaments. Transmise par le vagin, par pratiques sexuelles sans protection, orales ou anales, la gonorrhée (ou chaude-pisse) peut passer inaperçue et non traitée, entraîner alors de sérieuses complications ou être détectée et traitée mais avec un risque croissant de résistance et à presque tous les antibiotiques actuellement utilisés pour traiter les infections sexuellement transmissibles (IST). Cette analyse des données de 77 pays révèle ainsi la crainte de bientôt ne plus pouvoir traiter l’infection, alors que dans le passé, une seule dose d’antibiotiques faisait son effet.
Les infections à gonocoques, blennorragies ou appelées encore gonorrhées (ou chaude-pisse) sont en augmentation de 50% ces dernières années et sont malheureusement représentatives de l'évolution à la hausse des comportements sexuels à risque. Dues à la bactérie Neisseria gonorrhoeae, elles touchent essentiellement des sujets jeunes, le plus souvent des hommes (environ 85 %), chez qui elles provoquent des urétrites douloureuses. Cette infection sexuellement transmissible se développe dans les sites chauds et humides de l'appareil reproducteur dont le col de l'utérus, l'utérus et les trompes de Fallope chez les femmes et dans l'urètre chez les femmes et les hommes. On estime à 100 millions de nouveaux cas, l'incidence annuelle de la gonorrhée dans le monde. Les infections à gonocoques sont transmises également par le liquide séminal qui va faciliter le déplacement et la colonisation de Neisseria gonorrhoeae.
Une infection silencieuse et sévère : causée par la bactérie Neisseria gonorrhoeae qui infecte les organes génitaux et parfois les yeux ou la gorge, la gonorrhée entraîne de multiples symptômes dont une douleur lors de la miction et des saignements tout au long du cycle menstruel chez les femmes. Le traitement standard comprend une injection d'antibiotiques et une dose unique de comprimés d'antibiotiques. Chez environ 10-20% des femmes, l’infection peut affecter la fertilité. Enfin, pendant la grossesse, l’infection peut également être transmise au nourrisson, ce qui peut entraîner une conjonctivite néonatale et d’autres complications.
Une résistance croissante à tous les médicaments : ici le groupe analyse les données de 77 pays pour constater une résistance croissante à tous les médicaments actuellement utilisés pour traiter la gonorrhée, de première et seconde lignes. Neisseria gonorrhoeae s’est adaptée aux antibiotiques, à de nombreux antibiotiques, ce qui soulève, face à l’absence de nouveaux traitements, l'inquiétude d’une propagation de la gonorrhée multirésistante au point de ne plus pouvoir être traitée.
Les efforts porteront sur de nouvelles molécules : les experts du GARDP veulent mettre tous les efforts sur le développement d’un nouveau traitement de manière à avoir des alternatives disponibles dès 2023. Leur stratégie s’articule autour de ce développement de nouvelles molécules, de l’évaluation de nouvelles combinaisons de médicaments déjà disponibles, de la commercialisation « tout en un » des combinaisons thérapeutiques identifiées comme efficaces, et de l’accès, dans le monde entier aux nouveaux traitements. Enfin, le rappel est là : le moyen le plus efficace de prévenir la gonorrhée reste le préservatif pendant les rapports sexuels.
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