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KÉTAMINE : Sortir en quelques minutes d'une profonde dépression

Actualité publiée il y a 6 années 5 mois 3 semaines
Molecular Psychiatry
Contrairement à la plupart des antidépresseurs, qui peuvent des semaines à agir sur les symptômes dépressifs, la kétamine peut en effet « sortir », quelques minutes après son administration, une personne d'une profonde dépression et ses effets peuvent durer plusieurs semaines

C’est une substance illicite et un anesthésique vétérinaire. Cependant, les études se succèdent pour suggérer son efficacité contre la dépression. Cette nouvelle étude de l’Université de l'Illinois à Chicago révèle à quel point le mode d’action de la kétamine est rapide, voir immédiat contre les symptômes dépressifs. Des travaux présentés dans Molecular Psychiatry qui non seulement décrivent les mécanismes moléculaires expliquant comment la kétamine réduit la dépression puis la « tient à distance ».

 

Contrairement à la plupart des antidépresseurs, qui peuvent des semaines à agir sur les symptômes dépressifs, la kétamine peut en effet « sortir », quelques minutes après son administration, une personne d'une profonde dépression et ses effets peuvent durer plusieurs semaines. Les chercheurs ont donc cherché à comprendre comment la kétamine peut à la fois, agir si rapidement et être si durable. Mark Rasenick, professeur de physiologie et de psychiatrie à l'Université de l'Illinois et sont équipe décryptent et décrivent ici les mécanismes moléculaires en jeu.

 

Un effet immédiat et durable : les études montrent que :

  • les 2 tiers des participants qui n'ont pas répondu aux antidépresseurs traditionnels connaissent une rémission rapide et durable de leurs symptômes dépressifs après avoir reçu la kétamine par voie intraveineuse ;
  • les effets de la kétamine durent environ une semaine.

 

 

Une explication du délai d’action des ISRS : une étude précédente de la même équipe a montré que les que les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), la classe d'antidépresseurs la plus couramment prescrite (à laquelle appartiennent Prozac et Zoloft) agissent en déplaçant des molécules appelées protéines G sur des « radeaux lipidiques » sur la membrane cellulaire. Ces protéines G sont maintenues inactives. Les protéines G produisent de l'AMP cyclique, que les cellules nerveuses doivent signaler correctement. Or les patients souffrant de dépression présentent plus protéines G dans ces patchs membranaires, la signalisation des cellules cérébrales est amortie, ce qui peut contribuer aux symptômes de dépression, dont une sensation d'engourdissement global. Les ISRS s’accumulent dans les « radeaux lipidiques », les protéines G sortent des radeaux mais dans un mouvement progressif, sui s’étend sur plusieurs jours, ce qui contribue à expliquer le délai d’action des antidépresseurs.

 

Pourquoi avec la kétamine, c’est beaucoup plus rapide : sous l’effet de la kétamine, les protéines G quittent les radeaux beaucoup plus rapidement. Les protéines G commencent même à migrer 15 minutes après administration. Et les effets durables s’expliquent par le délai très long des protéines G à revenir dans les radeaux lipidiques. Des données qui contredisent le principe d’action généralement retenu de la kétamine, soit le blocage du récepteur cellulaire NMDA, un neurotransmetteur présent à la surface des cellules nerveuses. D’ailleurs, lorsque les chercheurs éliminent le récepteur NMDA, la kétamine conserve le même effet sur les cellules, déplace rapidement les protéines G hors des radeaux lipidiques sur la membrane cellulaire.  

Enfin, le mouvement des protéines G hors des radeaux lipidiques, apparaît, à la lumière de cette recherche, comme un véritable biomarqueur de l'efficacité des antidépresseurs, quel que soit leur mode de fonctionnement.

 


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