Le MICROBIOME PULMONAIRE prédictif du pronostic en soins intensifs
Des changements détectables dans le microbiome pulmonaire peuvent permettre de prédire dans quelle mesure les patients gravement malades vont répondre aux soins intensifs, révèle cette équipe de la Michigan Medicine. Ces travaux publiés dans l'American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine montrent que les niveaux de certaines bactéries pulmonaires un jour après l’admission en unité de soins intensifs (USI) sont directement corrélés au nombre de jours de ventilation, indépendamment de la sévérité de la maladie ou la présence de pneumonie.
Le microbiome humain comprend le matériel génétique d'environ 100 milliards de microbes. Les bactéries sont le plus gros composant du microbiome, mais elles comprennent également des virus, des champignons et des archées. Contrairement au génome humain, qui est relativement statique, le microbiome est modifié, parfois de façon spectaculaire, par le régime alimentaire, la maladie et d'autres facteurs. Alors que les poumons ont toujours été considérés comme stériles, au cours de la dernière décennie, les chercheurs ont utilisé des analyses génétiques pour révéler que les poumons contiennent des communautés de bactéries variées et dynamiques.
La translocation de bactéries intestinales dans les poumons peut déclencher un syndrome de détresse respiratoire aiguë
De précédentes études de la même équipe ont en effet révélé que la présence de certaines bactéries intestinales dans les poumons était associée à un mauvais pronostic ; avec une autre étude, que le microbiome pulmonaire chez les patients atteints de fibrose pulmonaire idiopathique est également prédictif des résultats cliniques. « Nous savions déjà que le microbiote pulmonaire est altéré chez les patients gravement malades et que cette perturbation est associée à une altération de l'immunité pulmonaire », commente l'auteur principal, le Dr Robert Dickson, professeur de médecine pulmonaire et de soins intensifs et de microbiologie et d'immunologie à l'Université de Michigan. « Cette étude nous confirme l'existence d'une signification clinique de la perturbation du microbiote pulmonaire : les différences de bactéries contribuent à expliquer et à prédire les pronostics des patients ».
Le profil du microbiote pulmonaire s’avère globalement prédictif des résultats des patients en soins intensifs. L’étude menée auprès de 91 patients en USI, montre une association claire entre le nombre de jours avec ventilation et sans, et le niveau de certaines bactéries -en particulier intestinales- dans le microbiome pulmonaire : ainsi, 2 bactéries normalement présentes dans l'intestin, Lachnospiraceae et Enterobacteriaceae spp sont courantes dans le microbiome pulmonaire des patients à mauvais pronostics en soins intensifs. Enfin, la présence d'Enterobacteriaceae spp dans le microbiome pulmonaire est associée au risque de syndrome de détresse respiratoire aiguë, ou SDRA, une maladie mortelle caractérisée par une inflammation extrême des poumons.
Le microbiome pulmonaire une nouvelle cible d’intervention dans la prévention et le traitement des maladies graves ? C’est l’hypothèse retenue par les chercheurs : « Le microbiome est un ensemble que nous pouvons manipuler, contrairement à d'autres facteurs de risque en USI. Nous ne pouvons pas modifier les gènes de nos patients mais nous pouvons réguler leur microbiote ». Enfin, il reste à déterminer si les bactéries intestinales trouvées dans le microbiome pulmonaire de certains patients avaient migré du tractus gastro-intestinal inférieur ou si elles s’y trouvaient en raison de l'aspiration et de l'inhalation accidentelle de nourriture ou de liquide.
La prochaine étape consistera à déterminer si la modification de ces bactéries pulmonaires peut améliorer les résultats des patients en soins intensifs.
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