L’Hygiène des Plaies : une stratégie anti-biofilm pour optimiser la cicatrisation
La prise en charge des plaies difficiles à cicatriser est un véritable défi pour les professionnels de santé. Ces plaies ne suivent pas un processus de guérison linéaire, et cela peut concerner les plaies aiguës qui au 3ème jour de leur apparition ne présentent pas de signe d’évolution favorable (1). Le biofilm est un obstacle invisible mais déterminant. Il est responsable de près de 78 % des retards de cicatrisation des plaies chroniques et présente une forte résistance aux antibiotiques et antiseptiques locaux (1). Une mise en œuvre proactive et rigoureuse de l’Hygiène des Plaies est donc essentielle pour prévenir et traiter ce problème.
Le biofilm : un ennemi invisible
Le biofilm, invisible à l'œil nu sauf lorsqu’il est ancien et épais, se reforme rapidement (en seulement 24 à 72 heures) et il est l'un des principaux facteurs locaux retardant la cicatrisation. En raison de sa tolérance accrue aux traitements antibactériens mais aussi aux défenses immunitaires de son hôte, il est impératif d'adopter une approche préventive dès l'apparition de la plaie, associée à une prise en charge holistique.
L’Hygiène des Plaies : un protocole de référence en 4 étapes
Pour optimiser la trajectoire de cicatrisation, un consensus international a été adapté à la pratique clinique en France par un groupe d’experts français. Cette stratégie anti-biofilm repose sur quatre étapes simples mais essentielles :
- Nettoyer : assainir la peau péri-lésionnelle et le lit de la plaie Assainir la peau péri-lésionnelle et le lit de la plaie.
- Déterger : réduire la charge bactérienne et perturber la matrice protectrice du biofilm.
- Prendre en charge les berges : lutter contre la formation du biofilm aux bords de la plaie et éliminer les freins à la progression de l’épithélium.
- Panser : favoriser la détersion autolytique, réduire la charge bactérienne, lutter contre la formation du biofilm, et le traiter lorsqu’il est suspecté.
2 niveaux d’intervention stratégiques : proactif et curatif
La stratégie proactive consiste à pratiquer l’Hygiène des Plaies en routine de soins à chaque changement de pansement pour lutter contre la formation du biofilm. En cas d'infection clinique, elle devient curative et les 4 étapes devront être réalisées quotidiennement. Les pansements neutres dits sans principe actif peuvent contribuer efficacement à la lutte contre le biofilm grâce à leurs propriétés favorisant la détersion autolytique et pour certains d’entre eux par leur action bactériostatique et leur effet sur les bactéries du biofilm2. Ils ne peuvent être dissociés d’une Hygiène des Plaies complète pour optimiser les perspectives de cicatrisation (1).
Pourquoi intégrer l'Hygiène des Plaies dans vos pratiques ?
L'Hygiène des Plaies ne se limite pas à un simple protocole de soins locaux. Elle constitue une véritable stratégie visant à optimiser le processus de cicatrisation et à améliorer la qualité de vie des patients. En intégrant l’Hygiène des Plaies dans votre pratique quotidienne de façon proactive, vous maximisez les chances de guérison des plaies chroniques et vous contribuez à prévenir un retard de cicatrisation dans la prise en charge des plaies aiguës, tout en limitant le recours excessif aux antibiotiques et en contribuant à prévenir les complications liées aux infections récurrentes.
Ce cadre de soin recommandé par les experts est particulièrement efficace dans les situations de plaies chroniques ou de plaies qui semblent stagner. Il permet non seulement de traiter les symptômes visibles mais aussi de s'attaquer aux causes sous-jacentes du retard de cicatrisation en s’appuyant sur l’étape préliminaire visant à mettre en place une prise en charge globale adaptée.