LONGÉVITÉ : les 16 marqueurs génétiques qui peuvent abréger la vie
Cette étude, menée dans le cadre du projet AgingX soutenue par l'Initiative suisse en biologie des systèmes (SystemsX.ch) nous rapproche de la compréhension des mécanismes du vieillissement et de la longévité de l'homme. Elle identifie en effet 16 marqueurs génétiques et donc 16 voies biologiques qui peuvent réduire la durée de vie et contribuer à expliquer pourquoi certains d'entre nous vivent plus longtemps que d'autres.
Certes, il y a les facteurs environnementaux dont de mode de vie qui ont un impact fort sur notre santé et notre longévité. On estime ainsi que ces facteurs, évitables dans leur majorité, pèsent pour environ 70 à 80% de la variation de la durée de vie humaine (voir schéma de gauche). Les 20% derniers % sont fonction de notre génome. Et ces changements dans des sites spécifiques de notre séquence d'ADN, tels que les polymorphismes à un seul nucléotide (SNP), détiennent certaines des clés de notre longévité.
Jusqu'à présent, seuls 2 sites sensibles avaient été identifiés dans le génome, souligne le Prof. Zoltan Kutalik, professeur adjoint à l'Institut de médecine sociale et préventive de Berne. Son équipe recoure à une approche informatique innovante pour analyser les données génomiques de 116.279 individus et balayer ainsi 2,3 millions de SNP humains. Leur approche a priorisé les changements dans l'ADN déjà connus comme liés aux maladies liées à l'âge.
Le plus grand ensemble de marqueurs génétiques associés à la durée de vie jamais découvert : il s’agit de 16 SNP associés à la durée de vie dont 14 tout nouveaux pour la science.
jusqu'à 1 an de vie en moins : le plus frappant c’est qu’environ 1 personne sur 10 comporte certains de ces marqueurs, des configurations qui peuvent raccourcir la vie de plus d'1 an par rapport à la moyenne de la population. Enfin, une personne héritant d'une version abrégée d'un de ces SNP peut voir sa vie abrégée de 7 mois, en théorie.
Mais comment l'ADN modifie-t-il la durée de vie ? Les chercheurs expliquent que la plupart de ces SNP ont un effet sur la durée de vie en renforçant le risque de maladie, de mode de vie malsain (risque plus élevé de dépendance au tabagisme, par exemple) ou en prédisposant à certaines maladies mentales dont la schizophrénie. Parmi les SNP en cause, 3 SNP dans des gènes voisins (RBM6, SULT1A1 et CHRNA5), impliqués dans la dépendance à la nicotine) en cas de faible expression vont être associés à une augmentation de la durée de vie et en cas d’expression élevée, à une réduction de la durée de vie.
Des biomarqueurs de la longévité : ces SNP pourraient en effet constituer une signature de la longévité voire de la survie au-delà de 85 à 100 ans. Et, pour soutenir cette hypothèse, les chercheurs montrent que des souris présentant un niveau d’expression réduit de RBM6 dans le cerveau, vivent beaucoup plus longtemps.
Selon les auteurs, l'impact de l'expression de certains de ces SNP chez l'homme serait même comparable aux bénéfices d'un régime alimentaire faible en calories, un facteur connu de longévité.