MALADIE CARDIOVASCULAIRE : Attention aux expositions au plomb, au cadmium et à l’arsenic
Ce groupe d’experts de l’American Heart Association (AHA) et d’autres sociétés savantes, alerte contre les risques cardiovasculaires associés à l'exposition chronique et même à de faibles niveaux, au plomb, au cadmium et à l’arsenic, une exposition très courante par le biais d’objets et d’activités du quotidien. Cette déclaration scientifique, publiée dans le Journal de l’American Heart Association, ajoute, au nombre des facteurs de risque cardiovasculaire, ces substances toxiques environnementales. L’étude contribue à enrichir le domaine de la cardiologie environnementale dont l’objectif est d’identifier les polluants, dont les métaux contaminants, qui constituent des risques « modifiables » de maladies cardiovasculaires.
L'exposition chronique au plomb, au cadmium et à l'arsenic peut se faire incidemment par l’usage d'articles ménagers courants, par l’ingestion de certains aliments, par contacts avec de l'air, de l'eau et des sols contaminés. C’est pourquoi les chercheurs sensibilisent à l’urgence de mise en œuvre d’une surveillance standard de l'exposition du public, aux métaux contaminants, via l'air, l'eau et le sol, aussi pour réduire le risque de maladie cardiovasculaire, la principale cause de décès dans le monde. Partout dans le monde en effet, les populations sont exposées à ces composés toxiques de l'environnement.
Les métaux contaminants, n'ont aucune fonction dans le corps humain. On les trouve dans les eaux souterraines, les conduites d'eau, la peinture, les produits du tabac, les engrais, le plastique, l'électronique, l'essence, les piles, certains aliments et d'autres articles couramment utilisés.
Le plomb, le cadmium et l'arsenic sont absorbés par les voies respiratoires et/ou gastro-intestinales. Les personnes qui vivent dans des quartiers économiques défavorisés sont souvent plus fortement exposées à ces métaux.
L'exposition chronique à de faibles niveaux suffit à accroître le risque cardiovasculaire
Cette déclaration scientifique rassemble les preuves du lien entre l'exposition chronique à des niveaux faibles ou modérés de ces 3 métaux et composés contaminants - le plomb, le cadmium et l'arsenic - et les maladies cardiovasculaires, notamment les maladies coronariennes, les accidents vasculaires cérébraux (AVC) et les maladies artérielles périphériques. Ces travaux précisent également les implications cliniques de ces expositions.
De précédentes études épidémiologiques menées en population générale avaient déjà suggéré indiquent que même une faible exposition aux métaux contaminants contribue au fardeau des maladies cardiovasculaires, rappelle l’un des auteurs principaux, le Dr Gervasio. A. Lamas, également cardiologue au Mount Sinai Medical Center (Miami Beach, Floride) : « ces composés interfèrent avec les fonctions biologiques essentielles et affectent la plupart des populations à l'échelle mondiale.
L'exposition aux métaux contaminants se produit le plus souvent involontairement, par les activités de la vie quotidienne. Le plomb peut se trouver dans toute une variété d'articles tels que la peinture, les produits du tabac, la fumée secondaire, certains aliments contaminés, des ustensiles de cuisine, les conduites d'eau, certaines épices, les cosmétiques, l'électronique et les émissions industrielles.
La cigarette est aussi une source de plomb et de cadmium.
Le cadmium se trouve dans les piles au nickel-cadmium, les pigments, le plastique, la céramique, la verrerie et les produits de construction. Les engrais à base de roche phosphatée sont également naturellement riches en cadmium et contaminent ensuite les légumes-racines et les plantes vertes à feuilles. L'exposition à l'arsenic se fait principalement par les eaux souterraines, l'eau potable, le sol et les aliments cultivés dans un sol contaminé. L'arsenic s'accumule en particulier dans le riz.
Après exposition, le plomb et le cadmium s'accumulent dans le corps et restent dans les os et les organes pendant des décennies.
Le risque d'exposition est particulièrement élevé pour les personnes qui vivent à proximité des routes principales, des sources industrielles et de sites de déchets dangereux, qui habitent dans des maisons plus anciennes ou dans des zones où les réglementations environnementales sont mal appliquées. Cela explique que les communautés à plus faible revenu soient exposées de manière disproportionnée aux métaux toxiques.
Quels risques cardiovasculaires précisément associés aux métaux contaminants ?
Les études et recherches passées en revue confirment que le plomb, le cadmium et l'arsenic sont associés au décès prématuré, en grande partie en raison du risque accru de maladies cardiovasculaires.
- 37 études portant sur près de 350.000 participants issus de plus d'une douzaine de pays révèlent que des niveaux plus élevés d'arsenic dans l'urine et des niveaux sanguins de plomb et de cadmium sont associés à un risque accru de 15 à 85 % d’AVC et de maladie cardiaque.
- 1 étude chinoise constate que des niveaux plus élevés de plomb dans le sang sont associés à la plaque carotide chez les personnes atteintes de diabète de type 2 ;
- 1 autre étude révèle que le cadmium et l'arsenic sont associés à un taux plus élevé de maladies cardiaques et d'AVC ischémiques ;
- 1 étude espagnole en population générale montre que la présence de cadmium dans les urines est associée à des taux accrus de nouveaux diagnostics de maladies cardiovasculaires.
Quelles solutions ? La surveillance des niveaux de métaux dans l'environnement et les tests de détection de métaux chez les patients constituent des mesures clés. Les niveaux de plomb chez les enfants présentant des symptômes d'exposition sont surveillés par des professionnels de la santé à l'aide de tests sanguins. Le même protocole devrait être appliqué chez les adultes exposés en raison de leur activité professionnelle.
Des recherches supplémentaires devraient être entreprises pour être capable de mieux identifier et protéger les personnes à risque de maladie cardiovasculaire.
D’autres mesures sont réclamées par les experts, dont une réduction des métaux dans le tabac, la protection des systèmes de distribution de l’eau, la surveillance de la pollution de l’air, des sols et de la chaine alimentaire.
L’approche est donc multidirectionnelle et constitue même l’objet d’un nouveau domaine,
la cardiologie environnementale,
qui comprend la surveillance environnementale et la biosurveillance des métaux contaminants.
Et au niveau thérapeutique ? Il n'existe actuellement aucun traitement standard pour contrecarrer l'impact vasculaire des métaux contaminants. Des recherches sont en cours, notamment sur les agents chélateurs, des médicaments capables d'éliminer les métaux contaminants, en particulier le plomb et le cadmium, du corps. L'agent chélateur se lie aux métaux afin de favoriser ensuite son excrétion du corps. Des recherches devraient également être menées sur des suppléments nutritionnels (comme les folates et la N-Acétylcystéine) susceptibles de réduire les effets des métaux contaminants et d'en accélérer également l'excrétion.
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