MALADIE du GREFFON contre l’HÔTE : Les promesses d'un inhibiteur de JAK

Un nouveau médicament démontre une efficacité à réduire les effets secondaires des greffes de cellules souches « à moitié compatibles » (soit lorsque seule la moitié des cellules souches du donneur et du receveur sont compatibles). Cet essai clinique, mené à la Washington University School of Medicine et publié dans la revue Blood, conclut à un bon niveau d'innocuité et moins de cas de maladie du greffon contre l'hôte (GvHD : graft-versus-host disease), avec ce nouveau candidat.
Alors que la greffe de cellules souches est un traitement standard pour plusieurs types de cancers du sang, tels que la leucémie et le lymphome, ce concept prometteur, à valider plus avant, serait donc l'ajout d'un nouveau médicament aux soins standard pour les receveurs de greffes de cellules souches afin de réduire cet effet secondaire potentiellement mortel, caractérisé par une attaque des tissus sains du receveur, par les cellules souches du donneur.
Par ailleurs, si un donneur de cellules souches parfaitement compatible est toujours préférable, car cela réduit le risque de maladie du greffon contre l’hôte, il est souvent difficile de recruter un tel donneur et sa recherche peut retarder le traitement. Le parent ou l’enfant d’un patient est automatiquement un donneur à moitié compatible, et les frères et sœurs sont à moitié compatibles dans 50 % des cas, ce qui rend ces donneurs beaucoup plus faciles à trouver pour la plupart des patients. Les greffes de cellules souches à moitié compatibles sont ainsi devenues plus courantes au cours de ces 10 dernières années, car les traitements visant à réduire la maladie du greffon contre l’hôte se sont améliorés, ce qui rend globalement ces greffes plus sûres.
L’auteur principal, le Dr John F. DiPersio, professeur de médecine à la Washington University précise : « Nous devons être prudents dans l’interprétation des résultats de cette petite étude, mais les taux de maladie du greffon contre l’hôte ont été étonnamment réduits. Nous n’avons observé aucune GvHD sévère et chez les patients traités, les taux de rechute étaient inférieurs à ceux attendus chez ces patients à haut risque. Les faibles taux de GvHD et de rechute ont permis d’atteindre une survie très encourageante à ce groupe de patients. Ces premiers résultats, convaincants, doivent encore être validés par de plus larges études ».
L’étude, un essai clinique de phase I, est mené auprès de 42 patients ayant reçu une greffe de cellules souches particulière, appelée « half-match », dans laquelle la moitié des protéines clés du système immunitaire d’un patient correspondent à celles des cellules souches du donneur. La plupart des participants avaient reçu un diagnostic de leucémie myéloïde aiguë, de leucémie lymphoblastique aiguë ou de syndrome myélodysplasique, entre autres cancers du sang plus rares. Tous les patients de l’étude ont reçu de l’itacitinib avant la transplantation et pendant 4 à 6 mois après la transplantation, en plus des soins standard pour prévenir la maladie du greffon contre l’hôte. L’analyse des données révèle que :
- ces participants traités par thérapie cellulaire pour différents cancers du sang tolèrent bien le médicament expérimental - appelé itacitinib - et subissent des taux inférieurs aux prévisions de maladie du greffon contre l'hôte (GvHD) ;
- aucun des 42 participants traités n’a développé de GvHD sévère (grade 3 ou 4) dans les 180 premiers jours suivant la transplantation -alors que les données de la littérature rapportent qu’en moyenne, 10 à 15 % des patients développent une GvHD avec un traitement standard ;
- à un an, 89 % des patients ne souffraient pas de GvHD sévère ;
- 2 patients ont néanmoins développé une GvHD chronique modérée.
Le médicament expérimental en question, l’itacitinib est l’un des nombreux inhibiteurs de JAK étudiés pour leur potentiel à prévenir la maladie du greffon contre l’hôte lorsqu’il est administré avant une greffe de cellules souches. Les inhibiteurs de JAK agissent en bloquant l’activité d’enzymes spécifiques qui contribuent à l’inflammation. D’autres inhibiteurs de JAK sont déjà approuvés par l’Agence américaine FDA pour traiter la GvHD aiguë et chronique après son développement.
L’équipe de Washington « soutient » ainsi avec ces nouvelles données la piste des inhibiteurs de JAK pour prévenir cet effet secondaire mortel des greffes de cellules souches.
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