MALADIE HÉPATIQUE ALCOOLIQUE : Le lactate d'éthyle contre les lésions hépatiques ?
C’est une nouvelle voie thérapeutique possible, contre les lésions et la stéatose hépatiques alcooliques, que documente ici cette équipe de l'Institut de nutrition et de santé de Shanghai (SINH) de l'Académie chinoise des sciences (CAS) : le lactate d'éthyle, un composé non éthanolique des boissons alcoolisées, pourrait en effet soulager les maladies hépatiques associées à l'alcool, selon ces travaux publiés dans la revue Advanced Science.
L’auteur principal, le professeur LI Yu et son équipe ont découvert que le lactate d'éthyle, un ingrédient clé non éthanolique présent dans les liqueurs distillées, réduit la stéatose hépatique alcoolique (stéatose hépatique), l'inflammation et les lésions hépatiques aiguës dans les maladies hépatiques associées à l'alcool.
L'augmentation de l'exposition mondiale à l'alcool et de l’alcoolodépendance a mécaniquement aggravé la prévalence mondiale de ces maladies hépatiques associées à l'alcool. La consommation excessive d’alcool induit en effet une régulation positive aberrante de la lipogenèse hépatique, « ce qui est un facteur essentiel de la progression de la maladie hépatique ». Enfin, il n'existe aucune approche thérapeutique efficace pour limiter la lipogenèse chez les patients atteints de ces maladies hépatiques alcooliques.
Les boissons alcoolisées sont des mélanges complexes d'eau, d'éthanol et d'ingrédients non éthanoliques. On sait que les spiritueux distillés, avec une teneur en éthanol plus élevée que le vin et la bière, peuvent augmenter le risque d'ingestion d'éthanol. Mais en raison de la variabilité de leurs matières premières, de leurs processus de fermentation et de vieillissement, les spiritueux distillés produisent d'abondants ingrédients non éthanoliques tels que des esters, des acides, des alcools supérieurs et des aldéhydes. Ces ingrédients non éthanoliques déterminent la qualité, le type, le goût et la saveur de ces boissons alcoolisées.
On ignore si les ingrédients non éthanoliques régulent aussi la pathogenèse de la maladie hépatique.
L’étude identifie d’abord, via des techniques de chromatographie gazeuse de pointe,
- 40 composés chimiques dans 5 spiritueux distillés largement consommés : le whisky, le brandy, le baijiu, le rhum et la vodka ;
- 13 composés chimiques sont ensuite identifiés comme les principaux ingrédients non éthanoliques de ces spiritueux distillés, en fonction de leurs concentrations ;
- par criblage in vivo chez la souris modèle d’alcoolodépendance, (souris Gao-Binge), l’étude révèle que
-
le lactate d'éthyle, seul parmi ces 13 composés, réduit la stéatose hépatique,
- ainsi que l'inflammation et les lésions hépatiques aiguës de manière dose-dépendante ;
- le lactate d'éthyle apporte cet effet effet bénéfique contre la stéatose hépatique en induisant le facteur de croissance des fibroblastes 21 (FGF21), qui inhibe l'activation aberrante induite par l'alcool d’une protéine bien connue, mTORC1. Cette protéine conduit en effet la lipogenèse hépatique.
Or le lactate d'éthyle est largement présent non seulement dans les boissons alcoolisées, mais aussi dans d'autres aliments fermentés tels que le vinaigre, le pain et les saucisses. C'est également un agent aromatisant alimentaire reconnu.
Cette petite molécule d'origine alimentaire (et présente dans les boissons alcoolisées !), le lactate d'éthyle, pourrait donc jouer prochainement un rôle plus thérapeutique dans la régulation de la progression de la maladie hépatique liée à l’alcool…
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