MICROBIOME INTESTINAL : Il détermine l’immunité antitumorale
Le microbiome intestinal oriente le système immunitaire contre le cancer, démontre cette étude du Sanford Burnham Prebys Medical Discovery Institute (La Jolla) qui contribue ainsi à expliquer la régulation de l'immunité antitumorale. Des données pertinentes à l’heure des traitements par inhibiteur de point de contrôle immunitaire, présentées dans la revue Nature Communications, et dont les implications pourraient être l'utilisation de métabolites pouvant renforcer l'immunité antitumorale, ou, plus en amont, de prébiotiques favorables, par les patients atteints de cancer.
L’avènement des nouveaux traitements par inhibiteurs du point de contrôle immunitaire, une forme d'immunothérapie pour le traitement du cancer qui « relâche les freins » du système immunitaire pour l’induire à déclencher une attaque tumorale efficace, constitue une avancée thérapeutique majeure. Cependant, ces traitements ne fonctionnent pas chez tous les patients et sont souvent associés à des effets secondaires sévères. La possibilité de stratifier les patients en fonction de leur réponse possible à ces inhibiteurs du point de contrôle immunitaire pourrait donc permettre de personnaliser les traitements. Ici, l’étude souligne l’importance du rôle du microbiome intestinal dans la régulation de l'immunité antitumorale et donc dans l’efficacité de ces nouveaux traitements.
11 souches bactériennes et une voie biologique : Cette collaboration mondiale impliquant plus de 40 scientifiques, dirigée au Sanford Burnham Prebys démontre, en effet, un lien de causalité entre le microbiome intestinal et la capacité du système immunitaire à lutter contre le cancer. Les chercheurs identifient grâce à des techniques bioinformatiques avancées, un panel de 11 souches bactériennes qui permettent d’activer le système immunitaire et ralentir la croissance du mélanome, chez la souris. L'étude souligne également le rôle clé d’une voie de signalisation cellulaire qui maintient la santé des protéines (homéostasie), « la réponse protéique non pliée ». Une réduction de cette voie est en effet observée chez des patients atteints de mélanome réagissant au traitement par inhibiteurs du point de contrôle immunitaire, ce qui suggère un nouveau marqueur possible de la réponse au traitement.
Mieux sélectionner les patients répondants possibles à l’immunothérapie : Selon les scientifiques, les effets incroyables constatés des immunothérapies ne seraient « que la partie visible de l’iceberg ». « En étudiant les mécanismes de réponse au traitement vs résistance au traitement, il serait sans doute possible d’augmenter le nombre de patients pouvant bénéficier des immunothérapies », relève l’un des auteurs principaux, le Dr Thomas Gajewski, du Département immunothérapie du cancer de l’University of Chicago Medicine : « Cette étude constitue une étape importante dans la réalisation de cet objectif. Nous identifions la voie biologique de la réponse protéique non repliée comme un lien important entre le microbiote intestinal et l'immunité antitumorale. De précédentes études ont déjà documenté le rôle causal du microbiote de l'hôte dans l'efficacité de l'immunothérapie par blocage du point de contrôle. Notre analyse devrait permettre de mieux sélectionner les patients qui peuvent répondre au traitement. »
Pourquoi une efficacité parfois mitigée des inhibiteurs du point de contrôle immunitaire ? L’exemple est donné avec le mélanome métastatique, la forme la plus mortelle de cancer de la peau. Dans ce cancer, même lorsqu'ils sont utilisés en association, les inhibiteurs du point de contrôle immunitaire ne profitent qu'à environ la moitié des patients. Des effets indésirables auto-immunes, une durée limitée de réponse au traitement et parfois une résistance du cancer sont également constatés. C’est ici que rentre en jeu le microbiome intestinal dans l’efficacité de la thérapie immunitaire : les antibiotiques et certains probiotiques réduisent l'efficacité du traitement, tandis que certaines souches bactériennes en améliorent l'efficacité.
Un lien formel entre le microbiome et l'immunité antitumorale est donc établi par ces travaux, qui identifient un ensemble de souches bactériennes susceptibles d'activer l'immunité antitumorale et des biomarqueurs pouvant être utilisés pour orienter les patients atteints de mélanome en vue de leur traitement par certains inhibiteurs de point de contrôle.
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