MICROBIOTE : Les probiotiques peuvent-ils le restaurer après des antibiotiques ?
On sait que les antibiotiques éradiquent les bonnes bactéries comme les mauvaises et peuvent créer une dysbiose du microbiote intestinal, entre autres effets secondaires. S’il n’est pas question de contester l’importance des antibiotiques qui permettent de traiter les infections bactériennes, il est important également de pouvoir réparer l’intestin et reconstituer la flore intestinale, après un traitement antibiotique. Cette équipe de la Medical University of Warsaw (Pologne) évalue, dans les Nature Reviews Gastroenterology & Hepatology, l’efficacité des probiotiques à restaurer l’équilibre du microbiote intestinal causée par les antibiotiques.
Il s’agit d’une revue de la littérature et d’un examen des preuves de la littérature sur les probiotiques et leur capacité à restaurer un microbiote intestinal perturbé par les antibiotiques.
Les antibiotiques sont des outils cliniques incontestés, et importants pour traiter les infections bactériennes, mais ils entrainent un effet secondaire important : la perturbation de la communauté microbienne vivant dans l'intestin humain, soit une réduction la diversité du microbiote intestinal. Les antibiotiques sont également associés à des effets nocifs tels que la diarrhée associée aux antibiotiques et la colite à C. difficile.
Par ailleurs, il a été démontré que les probiotiques peuvent atténuer ces scénarii et ces risques
mais peuvent-ils vraiment restaurer le microbiote et jusqu’à quel point ?
L’étude, un examen approfondi des données existantes sur l'utilisation des probiotiques pour restaurer la communauté bactérienne intestinale pendant et après un traitement antibiotique, révèle :
- tout d’abord, un manque d'études sur cette question précise ;
- les données disponibles ne permettent pas de déterminer si les probiotiques en général restaurent le microbiote intestinal à son état pré-antibiotique ;
- des études suggèrent néanmoins que certains probiotiques peuvent atténuer les baisses de fonction du microbiome suite à l'utilisation d'antibiotiques ;
- les données portant précisément sur la restauration de la composition microbienne sont relativement rares et lorsqu’elles existent, sont issues d’études souffrant de biais méthodologiques, « ce qui limite leur caractère concluant » ;
- des études suggèrent également que les probiotiques administrés avec des antibiotiques peuvent aussi entraîner des changements du microbiote, mais pas nécessairement la restauration attendue. Cependant ces effets sont plutôt décrits, mais sans certitude, comme bénéfiques ;
- en conclusion, la façon dont le microbiote s'adapte aux changements induits par les antibiotiques, puis par les probiotiques reste sujette à controverse.
- Des effets bénéfiques, tout de même, des probiotiques : l’absence de preuves concluantes sur la restauration du microbiote ne remet pas en cause
les preuves existantes selon lesquelles des probiotiques spécifiques peuvent réduire les symptômes cliniques chez les personnes prenant des antibiotiques :
- en effet, certains probiotiques réduisent le risque de diarrhée associée aux antibiotiques et à C. difficile ;
- les mécanismes responsables de ces bienfaits restent flous, mais certains effets semblent se produire via le microbiote intestinal ou via des interactions directes avec la physiologie intestinale.
De futures recherches sont donc nécessaires pour préciser comment des espèces et des souches probiotiques spécifiques ont un impact différent sur la restauration du microbiote intestinal.
Il est probable qu’il n’existe pas de solution probiotique universelle.
L’auteur principal, le Dr Hania Szajewska, professeur à l’université, conclut : « La restauration du microbiote intestinal avec des probiotiques pendant ou après l’utilisation d’antibiotiques est un sujet important. Nous espérons que les études futures combleront la lacune de données, pour améliorer notre compréhension des avantages cliniques des probiotiques ».
Les probiotiques restent prometteurs comme stratégie de récupération du microbiote intestinal, mais des recherches supplémentaires restent donc nécessaires.
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