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MICROBIOTE, ulcères, cancer et MICI : Mais comment tuer Helicobacter sans tuer les bonnes bactéries

Actualité publiée il y a 6 années 11 mois 4 semaines
PNAS
La bactérie Helicobacter pylori peut provoquer chez la personne infectée une gastrite chronique à vie, l’ulcère de l'estomac et du duodénum et le cancer gastrique.

50% de la population mondiale seront infectés à Helicobacter pylori, avec des conséquences parfois sévères sur la santé, pouvant aller jusqu’au cancer. Ce polypeptide, développé par une équipe de Université de l'Illinois à Urbana-Champaign est la première thérapie prometteuse ayant la capacité de tuer la bactérie dans le contexte de pH spécifique de l'estomac. Ces travaux, présentés dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS) révèlent comment ce nouvel agent microbien ciblé perturbe, dans cet environnement acide, les membranes bactériennes pour tuer H. pylori.

 

La bactérie Helicobacter pylori peut provoquer chez la personne infectée une gastrite chronique à vie, l’ulcère de l'estomac et du duodénum. Le traitement de l'infection en éradiquant la bactérie, permet non seulement de soigner l'ulcère mais aussi d'éviter les rechutes fréquentes et le cancer de l'estomac. Helicobacter pylori est classé par l'Agence Internationale de Recherche sur le Cancer (IARC) comme carcinogène de classe I. La bactérie serait en effet responsable de 60 à 90 % des cas de cancers gastriques, 1 à 3% des personnes infectées pouvant développer ce cancer. Eliminer la bactérie et l'infection permet ainsi d’éliminer ce risque de cancer gastrique. Enfin, Helicobacter a également été associée à d’autres conditions, dont la dyspepsie ou des pathologies non-digestives, dont la migraine, la maladie de Parkinson, certaines pathologies cardiovasculaires ou immunitaires.

Ce nouveau polymère agrémenté de chaines protéiques, capable de cibler et tuer les bactéries Helicobacter pylori dans l'estomac sans tuer les bactéries utiles du microbiote intestinal

 

Les auteurs rappellent que le traitement standard des infections à H. pylori combine plusieurs antibiotiques et un agent anti-acidité afin que les antibiotiques puissent fonctionner. L'effet secondaire du traitement est donc l’élimination de 65 à 80% des bactéries du tube digestif, dont les bactéries utiles au maintien de la santé digestive et au système immunitaire, ainsi qu’à l'absorption des nutriments.

 

A contrario, ce nouveau polymère agrémenté de chaines protéiques, capable de cibler et tuer les bactéries Helicobacter pylori dans l'estomac sans tuer les bactéries utiles du microbiote intestinal (Visuel ci-dessous). L'agent antimicrobien se transforme en perforateur bactérien dans l'environnement acide de l'estomac mais revient à une structure amorphe et inactive lorsqu'il atteint l'environnement à pH plus élevé de l'intestin grêle. Mis au point par des chercheurs de l'Université de l'Illinois avec des collaborateurs de l'Université Vanderbilt et d’instituts de recherche chinois, ce polypeptide constitue la seule voie thérapeutique documentée à ce jour permettant d’éliminer la bactérie dans un contexte de pH spécifique. Les chaînes protéiques qui se ramifient à partir du polymère se tordent en forme de spirale hélicoïdale qui leur confère une structure rigide capable de perforer les membranes bactériennes. Les chercheurs ont apporté quelques modifications simples aux chaînes latérales qui se ramifient à partir du polymère, de manière à ce que ces chaînes restent molles et inactives dans les gammes de pH de la plupart des tissus de l'organisme et deviennent rigides et perforantes dans le contexte de pH acide de l'estomac. En synthèse, l’agent devient thérapeutiquement efficace dans l'estomac, mais inactif une fois dans l'intestin grêle où les bonnes bactéries sont le plus abondantes.

 

Testé chez des souris infectées par H. pylori provenant de plusieurs lignées cellulaires différentes, le candidat se montre efficace contre H. pylori tout en préservant les populations de bactéries intestinales saines. Alors que l'estomac de la souris a un pH légèrement supérieur à celui de l'estomac humain, les chercheurs font l’hypothèse que le médicament sera encore plus efficace dans l'estomac humain. Nouveaux tests chez des modèles animaux puis essais cliniques, la route est encore longue avant ne éventuelle mise sur le marché et une utilisation en routine clinique.

 

Mais le candidat est présenté comme très facile à fabriquer : il « suffit d’un polymère et d’une chaîne polypeptidique avec des éléments constitutifs des acides aminés » résument les chercheurs, « et en plus il est bien biodégradable ».


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