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MULTIMORBIDITÉ : Ce fardeau encore négligé de dépenses de santé

Actualité publiée il y a 1 année 8 mois 1 semaine
PLoS Medicine
Que signifie la « multimorbidité » et combien coûte-t-elle à nos sociétés ? (Visuel Adobe Stock 35644290)

Que signifie la « multimorbidité » et combien coûte-t-elle à nos sociétés ? 2 nouvelles études, publiées dans la revue PLoS Medicine analysent le concept et les coûts de la multimorbidité et concluent que leur coût global est bien plus élevé que la somme des coûts de chaque maladie individuelle. Ces toutes premières analyses du fardeau, croissant, de la multimorbidité, soulignent la nécessité de mieux suivre leur prévalence et d’adapter en conséquence le suivi des patients plus âgés.

 

La multimorbidité est définie par la cooccurrence de 2 maladies chroniques ou plus et les coûts des soins de santé associés se révèlent ici beaucoup plus élevés qu’on ne l’aurait pensé. La multimorbidité augmente en effet en prévalence en raison de l'amélioration de la survie aux maladies chroniques et du vieillissement de la population et pose désormais des défis majeurs aux systèmes de santé du monde entier. L'augmentation des dépenses de santé dans de nombreux pays développés et la prévalence de la multimorbidité sont liées, mais la relation n'est mal comprise.

Suivre sa prévalence, mettre en œuvre sa prévention

La première étude, menée par une équipe de l'Université d'Édimbourg a analysé les données et les dépenses de santé de près de 1,2 million de patients suivis par 149 cabinets de médecine générale. L’analyse révèle que :

 

  • la variation des maladies individuelles contribuant à la multimorbidité entraîne de grandes différences lors du calcul de sa prévalence :
  • la prévalence de la multimorbidité constituée par les 2 affections les plus courantes est de 4,6 %,
  • mais elle passe à 29,5 % si l’on prend en compte des 10 affections les plus courantes,
  • à 35,2 % si l’on prend en compte des 20 affections les plus courantes,
  • à 40,5 % en tenant compte des 80 affections les plus courantes.
  • En population générale, 52 des 80 maladies possibles sont/seraient nécessaires pour atteindre une prévalence de multimorbidité > 99 %.
  • La prévalence de la multimorbidité varie, sans surprise, avec l'âge ;
  • dans les tranches d’âge plus âgées, la prise en compte d’un plus petit nombre de conditions (29 conditions pour les personnes de plus de 80 ans) suffit à obtenir des mesures précises de la prévalence de la multimorbidité, alors que chez les plus jeunes, jusqu’à 71 conditions sont nécessaires, pour l’évaluer ;
  • de manière plus pratique, et alors qu’il est urgent de pouvoir suivre finement cette prévalence, il devient nécessaire de standardiser la méthodologie de mesure afin que les données d’études soient comparables et exploitables.

 

En conclusion, la prévalence de la multimortalité est une métrique indispensable pour adapter nos systèmes de santé, mais reste cependant très mal évaluée.

 

La deuxième étude, menée à l'Université du Danemark du Sud (Copenhague), a analysé les données des réclamations d'assurance maladie privée de plus de 16 millions d'inscrits uniques âgés de 18 à 64 ans aux États-Unis. Parmi ses principales conclusions :

 

  • la prise en compte de 63 maladies chroniques apporte un taux de prévalence de 56,2 % de multimorbidité, soit 2 maladies ou plus, en population générale ;
  • la prise en compte de toutes les combinaisons possibles de 2 ou 3 maladies, révèle que 60 % de ces combinaisons entraînent des dépenses de santé extrêmement élevées et bien supérieures à la somme des maladies individuelles de la combinaison ;
  • parmi les maladies induisant à la fois le coût le plus élevé et la contribution la plus élevée aux dépenses de multimorbidité figurent
  • les maladies rénales chroniques, la cirrhose du foie, les cardiopathies ischémiques et les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin.

 

Mais un énorme travail d’analyse reste à accomplir sans compter la mise en œuvre d’outils de suivi fin de la prévalence des différentes combinaisons et des dépenses de santé associées. Ces outils permettraient en effet de concevoir des interventions pour améliorer l'efficacité des prises en charge et pour réduire les dépenses de santé

 

Ces 2 études alertent ainsi sur l’urgence de mise en œuvre de méthodes innovantes pour étudier la prévalence et les coûts de la multimorbidité, afin d'informer les décideurs et de mieux orienter les ressources pour optimiser sa gestion et sa prévention.