NAUSÉE : Ces neurones qui la contrôlent
Ces chercheurs de la Harvard Medical School viennent d’identifier les neurones qui contrôlent les réponses de type nausée. Ces travaux, menés in vivo chez la souris, et publiés dans la revue Neuron, suggèrent de nouvelles cibles pour la conception de nouveaux antinauséeux.
À un moment donné, tout le monde éprouvera des nausées. Que ce soit après avoir mangé un aliment avarié ou parfois comme symptôme d’infection grave, cette sensation de malaise et de trouble centrée autour de l'estomac est le signal fréquent de prochains vomissements et souvent le symptôme d’une condition plus sévère. La nausée touche également plus fréquemment certains groupes de patients sous chimiothérapie, et peut parfois même devenir mortelle lorsqu'elle empêche les patients d’observer leur traitement.
De nouvelles cibles pour la conception de médicaments antinauséeux
Ici, interviennent les neurones GLP1R (en rouge sur visuel) qui jouent un rôle clé dans la détection des toxines dans les vaisseaux sanguins (en vert) et dans le déclenchement de la réponse nauséeuse. Ces neurones régulent les réponses de type nausées chez les souris. Lorsque les scientifiques activent ces neurones, des réponses nauséeuses s’en suivent et, sans l’activation de ces neurones, les nausées se calment.
La zone postrema, une sentinelle du cerveau : les scientifiques identifient ces neurones dans la zone postrema, une région du cerveau déjà associée à des vomissements et l'une des rares parties du cerveau en dehors de la barrière hémato-encéphalique permettant de surveiller les produits chimiques véhiculés par le sang. On pense que cela permet à la zone postrema de détecter des substances nocives ou des signaux de danger dans la circulation sanguine et d'agir comme une sonnette d'alarme lorsqu'elle le fait. L’équipe a constitué ici par séquençage d'ARN, un atlas des types de cellules présentes dans la zone postrema. Cet atlas a permis d’identifier une poignée de neurones qui expriment une protéine, GLP1R, déjà documentée comme impliquée dans le contrôle glycémique et l'appétit.
Les neurones à GLP1R alertent avec la nausée : car lorsqu’ils sont retirés expérimentalement, les souris modèles de nausées cessent de développer des aversions à la plupart des goûts. C’est pour les scientifiques, le signe qu'elles ne ressentent plus cette sensation de malaise. Lorsque l'équipe active expérimentalement les neurones GLP1R, les souris présentent à nouveau ces réactions d’aversion. Des analyses supplémentaires révèlent que les neurones GLP1R se connectent à de nombreuses autres zones du cerveau, dont une appelée le noyau parabrachial, déjà connu comme une plaque tournante de la douleur et de l'aversion.
Une répartition des responsabilités « d’alarme » entre les neurones de la zone : les neurones GLP1R expriment de nombreux autres récepteurs de surface cellulaire, tels que le récepteur GFRAL. Les scientifiques font l’hypothèse d’une répartition des tâches entre les neurones de la zone postrema, différents types de neurones étant responsables de la détection et de l'alarme pour différentes substances.
Objectif : aider à contrôler la nausée : l’auteur principal de l’étude, Stephen Liberles, professeur de biologie cellulaire à l'Institut Blavatnik de Harvard confirme que l’identification des types de neurones impliqués dans ce processus, va permettre de concevoir de nouvelles thérapies de contrôle.
La nausée est aussi l'un des principaux effets secondaires des traitements du cancer, de la grossesse et il existe un besoin clinique non sartisfait de nouveaux antinauséeux.
« Nous ouvrons une nouvelle voie thérapeutique mais devons encore comprendre comment la sensation de nausée survient aux niveaux moléculaire, neural et cellulaire », concluent les chercheurs.
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