NEUROTRANSMISSION : Des mots aux émotions
![Que se passe-t-il dans le cerveau de l’écoute d’un mot à l’émergence d’une émotion, d’une décision, voire d’un comportement ? (Visuel Adobe Stock 865555292) Que se passe-t-il dans le cerveau de l’écoute d’un mot à l’émergence d’une émotion, d’une décision, voire d’un comportement ? (Visuel Adobe Stock 865555292)](https://www.santelog.com/sites/santelog.com/www.santelog.com/files/styles/large/public/images/accroche/adobestock_865555292_cerveau_recompense_1.jpeg?itok=ln1oX4uB)
Que se passe-t-il dans le cerveau de l’écoute d’un mot à l’émergence d’une émotion, d’une décision, voire d’un comportement ? C’est l’ensemble de ce processus complexe que tente ici de décrypter cette équipe de la Virginia Tech. Ces travaux, publiés dans les Cell Reports, révèlent la relation entre l'activité des neurotransmetteurs et le traitement émotionnel du langage et apportent une nouvelle compréhension de la façon dont le langage influence les choix humains et la santé mentale.
L’un des auteurs principaux, le Dr Pendleton R. Montague rappelle que la science considère aujourd’hui que des substances chimiques du cerveau, comme la dopamine et la sérotonine, envoient des signaux liés à la valeur positive ou négative des expériences. Il ajoute : « Notre étude révèle que ces substances chimiques sont libérées dans des zones spécifiques du cerveau lorsque nous traitons la signification émotionnelle des mots. Elle soutient l’idée que le système cérébral humain a évolué pour nous aider à réagir aux bons ou mauvais facteurs de notre environnement et est impliqué dans la façon dont nous traitons les mots, qui sont tout aussi importants pour notre survie ».
Les neurotransmetteurs du cerveau humain sont bien actifs pendant le traitement du contenu émotionnel du langage et jouent un rôle clé dans l’interprétation de la signification des mots. La recherche dessine un tout nouveau lien entre le biologique et le symbolique, en reliant les processus neuronaux qui ont probablement évolué pour la survie.
Un nouveau lien entre le biologique et le symbolique
L’étude est la première à mesurer simultanément la libération de dopamine, de sérotonine et de noradrénaline chez l’Homme dans une situation d’interprétation et de réponse au langage. Les chercheurs ont ainsi mesuré les niveaux de substances neurochimiques chez des participants subissant une intervention chirurgicale de stimulation cérébrale profonde pour le traitement du tremblement essentiel ou l’épilepsie, les procédures ciblant le thalamus et le cortex cingulaire antérieur, respectivement. Ces mesures ont été prises par sonde, alors que les mots chargés d'émotion étaient affichés sur un écran. Ces analyses révèlent que :
- les mots - positifs, négatifs ou neutres - modulent la libération de neurotransmetteurs ;
- des modèles distincts de libération de ces neurotransmetteurs apparaissent liés au ton émotionnel, aux régions cérébrales et à l'hémisphère du cerveau ;
- le contenu émotionnel des mots est partagé et analysé par plusieurs systèmes de transmission, mais chaque système fluctue différemment : il n’y a pas qu’une seule région cérébrale qui gère cette activité ;
- des changements de neurotransmetteurs en réponse aux mots émotionnels sont observés dans le thalamus, une région cérébrale jusque-là non impliquée dans le traitement du langage ou du contenu émotionnel : cela suggère que même les régions cérébrales qui ne sont généralement pas associées au traitement émotionnel ou linguistique « sont au courant » de ces informations ;
- en d’autres termes,
les régions du cerveau responsables de la motricité, de la mobilisation des mouvements auraient aussi accès à ces informations émotionnelles,
ce qui contribuerait à guider le comportement ;
- une validation de ces observations a été obtenue chez des animaux modèles, via l’optogénétique : en utilisant la lumière pour contrôler des cellules génétiquement modifiées, les scientifiques ont pu étudier les fonctions de neurones et de circuits neuronaux spécifiques.
Alors que les précédentes recherches en ce domaine se sont plutôt concentrées sur la neurotransmission lors de la prise de décision, cette nouvelle étude décrypte un trait spécifiquement humain : l’interprétation du contenu émotionnel des mots :
« Contrairement aux animaux, les humains peuvent comprendre les mots, leur contexte et leur signification. Des systèmes de neurotransmetteurs permettent de doter les mots d’un poids et d’un contenu émotionnel différent, reflétant l’hypothèse selon laquelle ces systèmes, qui ont évolué pour nous maintenir en vie, nous aident aujourd’hui à interpréter le langage jusqu’à la prise de décision et l’action ».
Autres actualités sur le même thème
MÉMOIRE et COGNITION : Des ondes cérébrales en soutien à la connectivité
Actualité publiée il y a 6 années 7 moisPARKINSON : Découverte remarquable d’un gène qui pourrait l’inverser ?
Actualité publiée il y a 5 mois 1 semaineMASTICATION : Pourquoi mâcher c'est bon aussi pour la cognition
Actualité publiée il y a 7 années 6 moisMALADIE d’ALZHEIMER : 2 protéines et 1 test sanguin pour la prédire
Actualité publiée il y a 4 mois 1 jour